Pièce justificative 6, transcription Patrick Bordeaux

Copie de l’acte de fondation de l’hôpital du duché et pairie de Luynes par Louis-Charles d’Albert, second duc de Luynes et pair de France le 22 novembre 1664, avec copie de la confirmation par l’archevêque de Tours le 20 avril 1665.

Tours, Archives Départementales d’Indre-et-Loire, H dépôt 7 / A1

 

[Dans la marge] 22 9bre 1664

Copie du premier second (le premier est de 1661 cy-avant) acte de fondation en l’an 1664.

 

Louis Charles d’Albert, duc de Luynes, pair de France, chevallier des ordres du Roy, marquis d’Albert, comte de Tours, barron de Rochecorbon, Samblançay et autres lieux, à tous ceux qui cest présentes lestres verront, ayant reconnu depuis plusieurs années que l’aumosne de notre ville de Luynes, fondées par les seigneurs nos prédécesseurs ne servoit plus qu’à retirer des passans, vagabons, et gens sans adveu qui y commettoient une infinité d’exeds et de crimes au scandalle et à l’incommodité du publique, nous, pour y remédier à ces désordres et en mesme tems pourvoir au soulagement des pauvres malades de toutes les paroisses de notre duché qui n’avoient pas moyen de ce faire traitter en leurs maisons, aurions cy-devant fait construire à neuf en la plasse de laditte aumosne des bâtiments capables de les recevoir pour y estre assistés dans leurs maladies, et y aurions mis des filles pour en prendre soin et leurs donner les remèdes dont ils auroient besoin ; auquelles nous aurions jusqu’à présent fait fournir l’argent nécessaire pour subvenir à cette dépence, ny ayant aucun revenu pour cela. Et mesme pour commencer à y establir quelque fonds certains, nous aurions par acte du quinziesme novembre mil six cent soixante-et-un uni et incorporé laudit hôpital toutes les aumosnes qui se rencontre dans l’étendue des paroisses dépandantes de notredit duché, nottament celles de Rochecorbon, Saint-Patrice et Saint-Michel, avec les maisons, fonds et revenus y appartenant, à la charge que tout les pauvres habitans de tous lesdits lieux qui n’auroient pas moyen de se faire traitter chez eux en leurs maladies, seroient receu dans nostredit hôpital de Luynes, ainsy que les autres. Mais comme le fonds desdittes aumosnes estoit peu considérable, nous aurions pour ocmanter le revenu de notredit hôpital obligé les religieuses chanoinesses de Nostre-Dame de Luynes, en les establissant au lieu des chanoines qui estoient auparavant dans la ditte église, de payer à nostredit hôpital, en considération de l’union faite à leurs communauté du fief et chapelle de Sainte-Catherine desservie en l’église d’Avoine, la somme de quatre cent livre de rente par chacun an, rachetable par elles au denier vingt, et dont elles ont en effet desja racheté à deux fois, deux cent soixante-et-dix livres de rente entre nos mains, lesquelles nous nous sommes chargés de payer au lieu d’elle laudit hôpital. Et comme ledit revenu n’est pas encorre suffisant pour y assister les pauvres que l’on y reçoit, pour la subsistence des personnes nécessaire à les servir, et pour l’entretien d’un prestre que nous désirons y establir, nous avons, outre et par-dessus lesdits quatre cent livres de rente par chacun an, fait don, et par ces présentes donnons par donation perpétuelle et irévocable la somme de six cent livres de rente par chacun an à prendre sur la ferme et revenu de notre duché de Luynes, payables par quartiers de trois mois en trois mois, à commencer du premier janvier prochain, dont le premier terme échera le premier jour d’avril en suivant, et à continuer en après à perpétuité, laquelle somme néanmoins, ainsy que celle ci-devant ditte due par lesdittes dames chanoinesses, pour ce que nous en seront chargés, nous et nos successeurs seigneurs de Luynes, pouvont amortir et en donnant un fonds de pareille revenu laudit hôpital à une ou à plusieurs fois. Et parce que la rente de deux cents livres cy-devant donné laudit hôpital par le sieur Beaumontveau la Baissier, par acte du treisiesme jour d’octobre mil six cent cinquante-et-cinq, par laquele il nous auroit mis ès mains la [p. 2] somme de trois mil six cent livres, ne doit demeurer laudit hôpital qu’après sa mort, ledit sieur de Baumont se l’estant réservée pour en jouir pendans sa vie, ledit hôpital pouvoit estre longtems privé de la jouissance de ce don ; nous pour contribuer davantage au bien et soulagement des pauvres malades, nous nous sommes chargé et nous chargeons par ces présentes de payer dès à présent, et à commencer au premier jour de janvier prochain, lesdits deux cents livres à notredit hôpital aussy par les quartiers et jusques au deceds dudit sieur de la Boissiere, à mesme conditions que celles à cy-dessus de pouvoir par nous et nos successeurs la mortir (sic) en donnant un fonds de pareille revenu.

Et pour recevoir, régir et gouverner les biens et choses dudit hôpital nous nous réservons pour toujours à nous et à nos successeurs, seigneurs dudit Luynes, la nomination d’un ou plusieurs administrateurs capables de s’en acquitter, et pour autant de tems qu’il nous plaira, à la charge de rendre compte tous les ans de la ditte administration par devant nous, ou nos officiers ayant pouvoir de nous, comme aussy nous nous réservons, et à nos dits successeurs, le choix des filles et servantes nécessaires pour assister et médicamenter les pauvres qui seront laudit hôpital selon les réglements suivant :

1 l’on ne recevra point les passans, mais seulement les pauvres de la ville et paroisses de Luynes et villages despandant dudit duché qui y seront demeurant depuis six mois.

2 Entre lesdits habitans dudit duché, on ne recevra que ceux qui sont en une véritable nécessité, et qui ne pouront estre assistés par leurs proches, ny par leurs maistres.

3 Entre ceux qui sont dans cette véritable nécessité, on ne recevra point les malades de peste, escrouelles, verolle, flux de sang et autres maladies contagieuses, ny tigne, ny de galles inveterrées ou maligne, de paralysie, ny les avaugles confimé, ny ceux dont les maladies sont incurables, ny les enfans au-dessous de sept ans, ny les femmes grosses, mais on recevra laudit hôpital ceux qui auront la fièvre ou autres mal considérables qui ait besoin nécessairement d’estre secourue. Les phisiques et hydropiques y pouront estre admis pour un mois seulement, et après lesquelles ils seront congédiés. C’est pourquoy tous les malades seront soigneusement visités avant que d’y estre receu.

4 on ne recevra dans ledit hopital que les catholiques dont la vie n’est point scandaleuse.

5 Lors qu’il se présentera plus grands nombre de malades que les lits n’en peuvent contenir, les premières plasses vacantes seront données à ceux qui se seront présentés les premiers.

6 Il ne sera receu aucun malades par les sœurs et servantes dudit hôpital que par l’ordre de ceux qui seront commis pour en avoir l’administration.

7 Les dittes sœurs ne pouront seigner, ny porter au dehors des unguents ou autres medicaments aux personnes qui ont moyen d’en acheter, mais seulement aux pauvres.

Et d’autant que l’assistance spirituel des pauvres est infiniment plus considérable et plus importante que la temporelle, et que messieurs les curés ne pouvoient, à cause du soin de leurs paroisses, vaquer avec d’assuidité à instruire les pauvres dudit hôpital, [p. 3] leurs y administrer les sacrements, et à y dire la messe les jours de dimanches et festes, nous pour les décharger de se soin et pourvoir autant qu’il est en nous au bien spirituel desdits malades voulons, et entendons, que ledit hôpital soit chargé de la nourriture d’un prestre qui sera par nous et nosdits successeurs nommé pour prendre ce soin, et estre principal et précepteur du collège dudit Luynes, et que outre saditte nourriture et le revenu ordinaire dudit collège, il luy soit donné par l’hôpital la somme de quarante livres chacun an pour aider à son entretien, sans qu’il puisse aller demeurer ailleurs que dans le logement destiné pour servir d’escole au bout de la cour dudit hôpital, ny de servir aucune autre église. Mais s’attachant uniquement au bien spirituel des malades qui y seront, il dira pour eux dans la chapelle dudit lieu la messe au moins trois fois par chacune semaines en ce compris les festes et dimanches. Il sera aussy tenu de faire la prière le matin et le soir pour lesdits malades, de les instruire et leurs faire des cathéchismes à quelque heure du jour, de leur administrer les sacrements, et à ceux qui demeureront dans ledit hôpital, et de les enterrer après leurs morts dans le simetière de la paroisse Sainte-Geneviève, sous le bon plaisir de monsieur le curé, jusqu’à ce que l’on ait trouvé quelque lieu propre à cet effet. Nous voulons aussy que ledit prestre dise tous les soirs à l’intantion de nous et de nos successeurs seigneurs dudit Luynes, au son de la cloche au soleil couché, un salut dans laditte chapelle à la fin duquel il dira le pseaume de profundis pour le repos de l’âme dudit seigneur et des personnes décédées dans ledit hôpital. Et si ledit prestre manquoit à ces choses et à faire une résidence actuelle et continuelle laudit hopital, nous réservons à nous et à nos successeurs seigneurs de Luynes la liberté d’en establir un autre en sa plasse, tant pour ledit hôpital que pour le collège que nous voulons n’estre plus separé à l’advenir, le tout néanmoins après que ledit prestre par nous nommé et pourveu aura etté approuvé par monseigneur l’archevesque de Tours pour faire lesdittes fonctions.

En temoin de quoy nous avons signé ces patentes de notre main, fait contresigner par nostre secrétaire, et icelles du sel et cachet de nos armes. Fait en nostre chasteau de Luynes le ving-deuxiesme jour de novembre 1664.

(Signé : ) Louis-Charles d’Albert

Registré ouy et ce consentant le procureur général du roy, pour estre exécuté selon sa forme et teneur suivant l’arrest de ce jour à Paris en Parlement le trente jour de juin mil six cent quatre-vingt-quatre.

(signé : ) Par monseigneur : Jacques Vitart

[p. 4] Homologation de monseigneur l’archevesque de Tours de la fondation de l’Hostel-Dieu.

Victor le Bouthillier, par la grâce de Dieu et du Saint Siège appostolique archevesque de Tours, savoir faisons, veu la requeste à nous presentée de la part du seigneur duc de Luynes, par laquelle il nous auroit exposé qu’ayant fait construire un hôpital dans la ville de Luynes pour y recevoir, nourrir et gouverner les pauvres malades des paroises de son duché, et icelluy fournir de lits et de tous les autres meubles nécesaires, et mesme préposé quelques filles pour prendre le soin des malades et leurs donner les remèdes dont ils auroient besoin, et contribuer à la despences qu’il a convenu à cet effet, n’ayant encorre de revenu certain. Pour quoy il auroit par acte du 22 novembre 1664 portant l’establisement dudit hôpital, outre la somme de quatre cents livres de rentes annuelles que les religieuses chanoinesses de laditte ville sont tenues de payer laudit hôpital, par elles racheptables au denier vingt, et dont elles ont désja amorti deux cents soixante-et-dix livres entre ses mains. Ce revenu n’estant pas suffisant pour l’entretien dudit hôpital, il luy auroit par ledit acte fait don à perpétuité et irrévocable de la somme de six cents livres de rentes par chacun an apprendre sur la ferme et revenu de sondit duché, payable par cartiers de trois mois en trois mois, et pour contribuer davantage au bien et soulagement desdits pauvres malades, se charge encorre de payer des à présent la rente de deux cents livres, si devant donné laudit hôpital par le sieur de Beaumont la Bussière, dont il luy a remis le fond entre les mains à la réserve de la jouisance du revenu pendant sa vie.

Nous requérant de vouloir homologuer et approuver ledit acte, lequel, veu ensemble le consentement des sieurs curés de Sainte-Geneviève et de Saint-Venant de Luynes, et les conclusions de nostre promoteur, le tout considéré, nous avons homologué et confirmé, homologuons et confirmons ledit acte de fondation, dottation et establissement dudit hôpital de Luynes, et afin qu’il soit exécuté selon sa forme et teneur y avons interposé et interposons le présent nostre descript.

Donné à Tours en nostre palais archiépiscopal le 20me jour d’avril mil six cent soixante-cinq.

(signé : ) Victor archevesque de Tours

Par commandement de monseigneur l’illustrisime et révérendisime archevesque, Bernier.

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