Pièce justificative 13, transcription Patrick Bordeaux

Lettres patentes de Louis XIV approuvant la fondation de l’hôpital de Luynes, 1683.

imprimé papier

Tours, Archives Départementales d’Indre-et-loire, H dépôt 7 / A1

LOUIS PAR LA GRÂCE DE DIEU ROY DE FRANCE ET DE NAVARRE, à tous présens & à venir Salut. Nostre très cher & bien amé cousin Louis-Charles d’Albert, duc de Luynes, pair de France, chevalier de nos ordres, comte de Tours, baron de Samblançay et de Rochecorbon, seigneur des chastellenies de Saint-Michel, Crassay, les Ecluses à l’Angez[1] (note manquante), Andigny & autres terres unies & jointes audit duché et pairie, nous a fait remontrer que la charité l’ayant porté il y a quelques années à faire bâtir à ses dépans un hôpital en ladite ville de Luynes pour y recevoir & assister les pauvres malades, non seulement du lieu, mais aussi de tous les bourgs & villages dudit duché qui n’auront moyen de se faire traitter en leurs maisons pourveu qu’ils n’eussent point de maladies contagieuses & incurables. La chose a si bien réussi par les bénédictions que Dieu a répendues par sa grâce sur cette entreprise, que cet hôpital estant achevé & meublé de tout ce qui estoit nécessaire pour l’assistance des malades, une très grande quantité de pauvres y auroient esté heureusement nouris, traitez & soulagez par les soins des personnes charitables qu’il y auroit établies & par les fournitures qu’il a faites pour leur subsistance.

Nostredit cousin ayant pour cet effet, non seulement uny en l’année mil six cent soixante-un au dit hôpital les aumosneries de Saint-Michel, Saint-Patrice & Rochecorbon, scizes dans l’estendue dudit duché de Luynes, mais encore donné une ferme de douze cens cinquante livres de rente, & quelques particuliers ayant aussi fait des aumosnes & dons audit hôpital, & pour asseurer d’autant plus lesdites aumosneries audit hôpital de Luynes, nostredit cousin auroit, avec les administrateurs d’iceluy, passé une transaction le vingt-deux aoust mil six cens soixante-dix-neuf, avec les commandeurs & chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, par laquelle lesdits chevaliers & commandeurs se sont désistez des arrests rendus par défaut en nostre Chambre Royalle de l’Arsenal, portant réunion à leur profit desdites aumôneries, laquelle transaction auroit esté ensuite homologuée par arrest de nostre dite Chambre Royalle du cinquième aoust dernier.

Mais par ce que nostredit cousin le duc de Luynes a reconnu que le premier bâtiment qu’il avoit fait construire n’estoit pas assez spacieux, & dans un lieu assez aisé & commode pour les malades, il en auroit fait faire un nouveau d’une plus grande étendue & dans une situation beaucoup plus avantageuse, & ensuite ayant considéré par l’expérience des hôpitaux des villes voisines que cet hôpital seroit bien mieux gouverné & les pauvres mieux servis par des religieuses hospitalières qui y demeuroient pendant toute leur vie, que par des personnes séculières qui changent souvent & ont bien moins d’application à se saint ministère ; & que l’establissement qui a esté fait en divers Hôtels-Dieu de nostre royaume des religieuses hospitalières de l’ordre & règle de Saint-Augustin, a produit un très grand bien & particulièrement dans la ville de Tours où lesdites religieuses vivent avec beaucoup d’édiffication, ce qui auroit obligé [p. 2] les habitans de Saumur d’en introduire dans leur ville pour avoir l’administration de leur hôpital. Nostredit cousin désirant de tout son pouvoir procurer à celuy de Luynes un avantage aussi considérable, il auroit, le troisième octobre mil six cens quatre-vingt-deux, fait un concordat avec les Maire et eschevins de la ville de Tours & adminsitrateurs de leur Hôtel-Dieu, & la supérieure desdites religieuses hospitalières, par lequel il auroit esté convenu qu’elles en envoyeroient deux de leur communauté pour s’establir dans ledit hôpital, aux clauses & conditions portées par ledit concordat. Ce qui auroit esté ratifié par les doyen, chanoines & chapitre de Saint-Gatien de ladite ville de Tours, supérieurs spirituels dudit hôpital de Tours le dix-huitième novembre suivant, & homologué par le sieur archevesque de ladite ville.

Mais, d’autant que la fondation dudit hôpital, ensemble l’establissement desdites religieuses a esté fait sans nostre permission & autorité, nostredit cousin nous auroit très humblement suplié de luy accorder nos lettres de confirmation à ce nécessaires. A ces causes, voulant à l’imitation des roys nos prédecesseurs contribuer avec notredit cousin à un œuvre aussi remply de charité que celuy-là, considérant que la fondation dudit hôpital & establissement de religieuses en iceluy n’a esté fait que par un bon & louable dessein à la plus grande gloire de Dieu & au soulagement des pauvres, après fait voir en nostre conseil les lettres de fondation dudit hôpital, l’acte d’union à iceluy desdits aumôneries de Saint-Michel, Saint-Patrice & de Rochecorbon, le contract par lequel nostredit cousin a donné audit hôpital une ferme de douze cens cinquante livres de rente, les contratcts des donations faites audit hôpital par quelques particulières, les actes d’assemblées & concordats cy-dessus, ladite transaction passée avec les commandeurs et chevaliers de l’ordre Saint-Jean de Hiérusalem pour raison desdites commanderies avec l’arrest d’homologation d’icelle de ladite Chambre Royalle de l’Arcenal, le tout cy attaché sous le contrecel de nostre Chancelerie, voulant favorablement traitter nostre cousin le duc de Luynes & participer aux prières qui se feront audit hôpital, tant par les pauvres que par lesdites religieuses, et les obliger de les continuer pour nostre prospérité, la paix & grandeur de cet estat.

Nous avons de l’advis de nostre conseil & de nostre grâce spécialle, plaine puissance et autorité royalle agréé, confirmé & autorisé, agréons, confirmons & autorisons la fondation dudit hôpital, union fait à iceluy desdites aumôneries, donations, transactions, arrest d’homologation d’icelle & autres actes faites en faveur dudit hôpital. Lesquelles Nous voulons estre exécutez selon leur forme & teneur, ensemble l’establissement desdites religieuses pour y vivre selon leur règle, & servir les pauvres dudit hôpital conjointement avec les séculières hospitalières qui se trouverront audit Hôtel-Dieu, suivant et conformément audit concordat que nous avons aussi par ces présentes agréé, confirmé & approuvé, agréons, confirmons & approuvons. Voulons & nous plaist qu’il sorte son plein & entier effet, & attendu que ledit hôpital n’est pas suffisament fondé pour pouvoir nourir & entretenir tous les pauvres dudit duché de Luynes qui pourront se présenter, voulons que ceux qui seront cy-apprès préposés pour l’administration dudit hôpital [p. 3] puissent accepter toutes donnations, recevoir les legs testamentaires au nom dudit hôpital, & confirmons ceux qui sont fait au dit hôpital, mesme leur permettons d’acquérir les héritages & maisons nécessaires pour le bien avantage & utilité dudit hôpital, sans néanmoins que l’on puisse prétendre aucun amortissement, sinon de la maison nouvellement construite, jardin & enclos d’icelle que nous avons amorty & amortissons par cesdites présentes, & comme dédiée à Dieu, à la charge de payer l’indamnité à ceux qu’il apartiendra, excepté qu’à nous.

Si donnons en mandement à nos amez & féaux conseillers, les gens tenans nostre cour de Parlement de Paris, que ces présentes ils ayent à faire registrer & du contenu en icelles faire jouir nostredit cousin le duc de Luynes & les administrateurs & religieuses dudit hôpital, & ceux & celles qui leur succèderont pleinement, paisiblement & perpétuellement, cessans & faisant cesser tous troubles & empêchement au contraire.

Car tel est nostre plaisir, et afin que se soit chose ferme & stable à toujours, Nous avons fait mettre nostre scel à cesdites présentes. Donné à Fontainebleau au mois d’octobre l’an de grâce mil six cens quatre-vingt-trois & de nostre règne le quarante-unième.

(Signé : ) LOUIS, et par le roy au dos Phelippeaux ; visa le Tellier pour confirmations d’établissement & union d’aumosneries, signé Phelippeaux.

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