Manuscrits médicaux à Vendôme : Antonio et Théodore Guaineri, médecins de cour

Estela Bonnaffoux, Université de Tours, CESR

 

Introduction

Les bibliothèques municipales accueillent parfois, au gré des hasards historiques, des fonds précieux et étonnants. C’est le cas de la bibliothèque du Parc Ronsard de Vendôme, dont la majorité des livres anciens provient de l’abbaye de la Trinité, et qui conserve un ensemble de manuscrits ayant appartenu à deux médecins italiens, Antonio Guaineri et son fils Théodore. Écrits en latin, ces ouvrages datés du XIIe s. au XVe s. sont pour la plupart des livres de médecine : ce sont ces manuscrits qui retiendront notre attention ; mais pour lors, notre propos se concentrera sur leurs deux possesseurs.

 

Antonio Guaineri, une médecine plurielle

On ne connaît pas précisément la date de naissance d’Antonio Guaineri[1]. On sait en revanche qu’il est né à Pavie, vraisemblablement entre la fin des années 1380 et le début des années 1390. Il entre en exercice dès 1412 avec un poste d’enseignant à l’université de Pavie, après obtention de son doctorat. C’est cependant à Padoue qu’il avait reçu la majorité de son enseignement et suivi les cours de professeurs prestigieux, comme ceux de Jacopo da Forli, qu’il nomme son maître (« magister meus ») dans son ouvrage sur les maladies féminines (le De matricibus[2]), ou ceux de Giovanni Francesco Balbi, qu’il désigne comme son praeceptor dans son traité sur la peste (De peste[3]). En 1415, il est médecin communal à Chieri, ce que confirme un passage du De peste. Antonio Guaineri y rapporte en effet les présages de peste dont il fut témoin, en 1402 d’abord, puis en 1415 :

Et idem recolo MCCCCXV fuisse Chery quia in autupno multi aiebant se virginem invenisse, que futuram pestem eisdem anunciabat. Et estate proxima pestis maxima ibidem supervenit.[4]

Sa carrière prend une nouvelle orientation, lorsqu’il devient médecin du duc de Savoie, Amédée VIII, en 1420. Il semble être retourné à Chieri en 1423, de nouveau en tant que médecin communal, charge pour laquelle il reçoit le salaire de cinquante florins savoyards. Lorsqu’il reviendra en cette ville à la fin de sa vie, en 1447, le même poste lui rapportera deux-cents florins savoyards, preuve incontestable de la notoriété qu’il a acquise. Le manuscrit 107 conservé à Vendôme nous apprend toutefois qu’en 1422, il est présent à Chambéry :

Explicit tractatus de febribus, ad insignem arcium et medicine doctorem, magistrum Antoniunum Maglianum de Chiero, illustrissimum dominum, domini ducis Sabaudiae phisicum, editum per me Antonium de Gayneriis de Papia, in villa Chianbariaci, comorantem etc. 1422.[5]

Cette dédicace à Antonio Magliani, physicien d’Amédée VIII, n’est pas anodine, puisque c’est sans doute à lui que le Pavesan doit son introduction auprès du Duc de Savoie. Amené à voyager en Savoie, Antonio Guaineri se rend également en Provence, en Avignon, ou encore dans le Dauphiné, comme il le mentionne dans ce passage :

Quidam enim illiteratus cirrogicus magnus tamen experimentator anno preterito in dalfinatu tempore magne pestis, si in principio ad infirmos perveniebat, facta flebotomia, et emplastro isto superposito, fere omnes sanabat.[6]

Cet extrait est caractéristique de l’attachement d’Antonio Guaineri à l’experientia, qui vient ici compenser l’absence de connaissances théoriques du chirurgien dauphinois. L’itinéraire du médecin de Pavie ne s’arrête pas en Savoie puisqu’on le retrouve en 1432 à Thonon-les-Bains, au service d’un autre grand personnage, le Marquis de Montferrat Jean-Jacques Paléologue. Souffrant de la goutte et de calculs, ce dernier charge son médecin d’étudier les thermes d’Acqui, dans le Piémont. Tous deux s’y rendent en 1435 et c’est à l’issue de ce séjour qu’Antonio Guaineri compose son De Balneis. A la mort du marquis en 1445, il se retire à la cour de Louis de Savoie, à Turin[7]. Les dernières années de sa vie marquent le retour dans sa patrie, et sont partagées entre ses services à l’entourage du Duc de Milan, Francesco Sforza (1450-1466) et son enseignement à Pavie, où il meurt en 1458.

Il laisse derrière lui une œuvre prolifique, qui reflète les préoccupations de son temps : outre son ouvrage sur les maladies féminines (De matricibus), il écrivit également sur les fièvres (De febribus), sur la peste et les poisons (De peste et de venenis) et s’intéressa encore aux maladies de la tête (De aegritudinibus capitis). L’ensemble fut réuni et publié en 1481[8]. Au cours des siècles suivants, sa notoriété persista : on le retrouve ainsi fréquemment cité chez divers auteurs, tout particulièrement dans des traités concernant la peste et les maladies féminines[9]. De même, ses œuvres attirèrent l’attention du montpelliérain Jean Falcon (1491-1541), qui les réédita en 1518[10], 1525 et 1534, en leur adjoignant ses propres commentaires. En 1557, le médecin Sébastien Colin propose, en plus de sa traduction du onzième livre d’Alexandre de Tralles sur la goutte, un traité sur le même sujet, traduit du latin en français, et qu’il attribue à un certain Antoine Le Gaynier, « en son temps fameus medecin et bon practicien ». Il s’agit en réalité du De juncturis sive de arthretica et calculosa passione, que Colin précise avoir augmenté et enrichi[11]. Autre indice de l’intérêt que ses écrits suscitèrent, deux de ses œuvres (De febribus et De peste) ont également été traduites en hébreu : la première par Salomon Ben Moïse, en 1486, la seconde par un anonyme, en 1483, soit quelques années seulement après leur première publication[12]. Ces deux traités traduits, décrits comme ceux d’un dénommé « Antoine de Pavie », sont vraisemblablement à l’origine de la biographie qu’on trouve dans le dictionnaire Panckoucke :

Médecin juif, ainsi appelé sans doute parce qu’il naquit à Pavie, a écrit sur le traitement des fièvres un ouvrage que le Rabbin Salomon Ben Mose traduisit dans la suite du latin en hébreu[13].

L’un des manuscrits conservés à la BNF présente enfin des exercices de plume qui pourraient être de la main-même de Nicolas, le douzième et dernier enfant d’Antonio Guaineri[14].

Ce dernier eut en effet une impressionnante descendance avec Antonia dei Conti di Meda. Si l’on ignore à quelle date fut célébrée cette union, le manuscrit Vendôme 232 nous livre un émouvant témoignage. Antonio Guaineri y a en effet relaté, au verso de la deuxième feuille de garde, la naissance de chacun de ses douze enfants, en indiquant leur prénom, mais aussi la date, le lieu, et l’heure de la naissance[15] :

1438 Die nova septembris inter 15am et 16am horam nata est Cristina filia mea in tera Casalis Sancti Evasii.

1439 Die septima octobris inter 15am et 16am horam natus est Zeno filius meus in dicta tera Casalis.

1440 Die quartadecima octobris prope 22am horam nata est Basilica filia mea in dicta villa Casalis.

1441 Die sextadecima octobris inter terciam et quartam horam noctis nata est Isabeta filia mea in dicto loco Casalis.

1443 Die vigessima augusti circha horam quartam decimam nata est Polina filia mea in loco Casalis.

1444 Die decimanona augusti inter quintam decimam et sextam decimam horam nata est Gabriella filia mea in loco Casalis.

1447 Die vigessima augusti magis prope horam duodecimam quam undecimam in Burgo Cherii natus est est [second « est » barré] Georgius filis meus.

1448 Die vigessima septima agusti circha horam vigessimam secundam nata est filia mea Theodorica in civitate Papie.

1449 Die vigessima quarta novembris natus filius meus Theodorus in civitate Papie.

1451 Die vigessima quarta decembris nata est filia mea Nicholina in civitate Papie in domo mea que olim fuit illorum de Bosiis, et obiit die vigessima nona eiusdem menssis que fuit de 1452.

1453 Die vigessima secunda aprilis circha horam sextamdecimam natus est in Papia in domo mea olim illorum de Bosiis, filius meus Alexander.

1458 Die [plus loin] natus est Nicolaus.

Il faut souligner la grande précision des heures données, et les différents lieux cités qui suivent le parcours professionnel d’Antonio Guaineri : les premières naissances ont lieu à Casal, dans le Montferrat, à l’époque où il servait le marquis. La naissance de Georgio à Chieri est datée de 1447, précisément l’année du retour d’Antonio Guaineri en cette ville en tant que médecin communal. A partir de 1448 enfin, les naissances ont lieu à Pavie, où le médecin passe ses dernières années. Il est donc possible que le médecin ait assisté à ces naissances ; peut-être même s’est-il chargé de l’accouchement. Il émane en tout cas de cette liste une certaine tendresse, à travers les possessifs « filia mea », « filius meus ». De ces douze enfants, une seule, Nicholina, mourut en bas-âge, un an après sa naissance. Il est probable que le dernier enfant, Nicolas, né en 1458, soit posthume, puisque le médecin est mort cette même année. Seule la date et le mot « die » sont de la main d’Antonio Guaineri. Le prénom, Nicolaus, ainsi que le mot « natus » ont été rajoutés, d’une écriture plus ronde ressemblant à celle de Théodore Guaineri. Nous disposons de quelques informations sur Nicolas : son parcours semble avoir été lié à celui de son frère Théodore, dont je vais parler à présent.

Théodore Guaineri, « amé et féal conseiller » des rois de France

 Né à Pavie en 1449, Théodore est le neuvième enfant d’Antonio Guaineri. Il suit les traces de son père en devenant médecin à son tour : il figure ainsi sur les registres de l’université de Pavie entre 1472 et 1474, tandis que son frère Giorgio suit des cours de droit dans cette même université[16]. Dès 1488, il est médecin ordinaire de Charles VIII, et le roi le nomme dans ses lettres son « amé et féal conseiller » : le titre de conseiller désignait alors toute personne pouvant délivrer un avis compétent dans un domaine précis. Néanmoins, Théodore jouit d’une certaine considération de la part du roi, qui écrit au Duc de Milan le 27 novembre 1489, pour prier ce dernier de réserver tout poste libre « au pays de Milan », « dont [Théodore] est natif et où il désire terminer et finer ses derreniers jours »[17]. Il participe en outre aux affaires publiques, et semble avoir joué un rôle en tant qu’ambassadeur. Théodore a bénéficié d’une place non-négligeable auprès de Charles VIII, ce que confirment les multiples tâches dont il s’acquitta. En 1491, notamment, il accompagne les chambellans et le maître des requêtes du roi lors d’une mission diplomatique à Milan[18]. Il suit Charles VIII dans son expédition contre le Royaume de Naples, et est présent à son chevet lorsque ce dernier, atteint d’une forte fièvre, tombe malade le 13 septembre 1494. La lettre de Charles VIII datée du 7 décembre 1495 nous apprend que les bagages du médecin font partie de ceux qui ont été pillés par les Italiens lors de ce qu’il appelle « la journée de Fornova ». Théodore déplore la perte de livres de médecine, qu’il semble du reste avoir récupérés par la suite : peut-être s’agissait-il de la totalité ou d’une partie de la bibliothèque confiée par son père. En 1497, Charles VIII l’envoie à Lyon pour déterminer la qualité de l’air et savoir si la peste menace[19]. Les faveurs du roi s’étendent à l’ensemble de la famille de Théodore : « Nicolas de Pavie » est évoqué dans la lettre datée du 16 septembre 1491[20], où il est présenté comme l’ « homme d’armes » du maréchal d’Esquerdes, et comme le frère de « Théodore de Pavie ». Quelques années plus tard, en 1499, le successeur de Charles VIII, Louis XII, récompensera les deux frères en leur faisant don de biens confisqués à des partisans de Ludovic Sforza[21]. Le roi insistera sur les « bons et agréables services » rendus par son « cher et bien amé » Nicolas de Pavie lors de la conquête de Milan, ainsi que sur ceux de son frère Théodore.

Théodore semble avoir été médecin de cour avant tout : de fait, son œuvre est bien moins prolifique que celle de son père, puisqu’il ne nous est parvenu qu’un seul ouvrage écrit par ses soins. Il s’agit d’un traité sur les eaux de Ritorbio (aujourd’hui Retorbido, à côté de Pavie), dont seule la traduction italienne a été conservée[22], mais qui constitue l’un des premières études portant sur ces thermes particuliers. Enfin, témoin de la réputation dont jouissait Théodore, Rabelais pourrait bien l’avoir évoqué dans Gargantua, si l’on en croit Jean Martellière. Ce dernier voit en effet dans le « Maistre Théodore » qui soigne le géant une allusion au plus célèbre médecin de Louis XII :

Quand Ponocrates congneut la vitieuse maniere de vivre de Gargantua, delibera aultrement le instituer en lettres, mais pour les premiers jours le tolera, considerant que Nature ne endure mutations soubdaines sans grande violence. Pour doncques mieulx son oeuvre commencer, supplia un sçavant medicin de celluy temps, nommé Maistre Theodore, à ce qu’il considerast si possible estoit remettre Gargantua en meilleure voye, lequel le purgea canonicquement avec elebore de Anticyre et par ce medicament luy nettoya toute l’alteration et perverse habitude du cerveau.[23]

Et il n’est pas inconcevable que la renommée du médecin pavesan soit parvenue aux oreilles de Rabelais. Théodore était en tout cas bien implanté en France : seigneur de la Bonne-Aventure, du Boulon et de la Hâcherie, trois communes de Vendôme, il avait épousé Hélène de Guillemon le 13 septembre 1496, occasion pour laquelle il reçut du roi mille écus d’or[24]. Trois enfants furent issus de cette union : Charles, prévôt de Mazangé, Claude, écuyer, et Jeanne. Malgré un désir manifeste de revenir en son pays natal, Théodore demeura au service du roi de France jusqu’à sa mort, que l’on peut situer avant le 24 janvier 1510[25]. Son aîné Charles embrassa une carrière religieuse et selon toute vraisemblance, c’est lui qui déposa la bibliothèque familiale à l’abbaye de la Trinité après la mort de son père. L’ensemble des manuscrits sera par la suite versé à la bibliothèque du Parc Ronsard de Vendôme à la Révolution.

Les manuscrits de Vendôme : rapide panorama

En l’état, la bibliothèque de Vendôme conserve vingt-huit manuscrits ayant appartenu à Antonio et Théodore Guaineri[26]. Pour vingt ouvrages, l’appartenance est clairement attestée par la présence d’un ex-libris ou d’annotations diverses, dont la grande majorité est du fait de Théodore :

 

Ms 106Quaestiones Alberti de Saxonia super libros phisicorum Aristotelis.Ex-libris de Théodore Guaineri
Ms 107Antonio Guaineri, De febribus. De peste et de venenis.Ex-libris de Théodore Guaineri
Ms 108Divers auteurs, dont Galien, De passionibus.Notes d'Antonio Guaineri.
Ms 110Pietro Torrigiani, Plusquam commentum in librum Galeni qui Microtechni intitulatur. Ex-libris d'Antonio Guaineri.
Conduxit (laisser-passer) accordé à Antonio Guaineri.
Ms 112Lettres d'humanistes.Notes d'Antonio Guaineri.
Ms 168Burleus, Commentarius in Isagogen Porphyrii, Aristotelis categorias et Gilberti Porretani de sex principiis. Ex-libris de Théodore Guaineri
Ms 170Divers auteurs, dont Apollinare Offredi, Super primo Avicenne.Ex-libris de Théodore Guaineri
Ms 174Divers auteurs, dont Isaac Israeli, Liber urinarum et liber febrium (trad. Constantin l’Africain).
Garde initiale : écriture de Théodore.
Ms 177Divers auteurs, dont Nicolas de Salerne, Antidotarium.
Ex-libris de Théodore Guaineri et sommaire de sa main
Ms 205Paolo da Pergola, Opuscula.Ex-libris de Théodore Guaineri et titre de sa main.
Ms 206Divers auteurs, dont Gilles de Corbeil, De urinis

L'ancienne reliure, remplacée au XIXe siècle, comportait l'ex-libris de Théodore Guaineri.
Ms 224Rhazès, Liber ad Almansorem.Notes d'Antonio Guaineri.
Ms 227Mattheus Sylvaticus, Liber pandectarum medicine.Ex-libris de Théodore Guaineri et titre de sa main.
Ms 228Bartholomeo Montagnana, Consilia.Ex-libris de Théodore Guaineri et titre de sa main.
Ms 232Simon de Gênes, Synonyma medica.Liste des enfants d'Antonio Guaineri, tracée de sa main.
Conduxit (laisser-passer) accordé à Antonio Guaineri.
Ms 233Averroes, Colliget.
Ibn Butlân, Tacuinum sanitatis.
Ex-libris et armes de Théodore Guaineri
Ms 243Michel Savonarole, Opus preclarum.Ex-libris de Théodore Guaineri
Ms 244Marsile de Santasofia, Commentarius in sex primi libri quarti Canonis Avicennae.Ex-libris de Théodore Guaineri
Ms 245Divers auteurs, dont Pietro d’Abano, Tractatus de venenis.
Ex-libris de Théodore Guaineri
Ms 246Divers auteurs, dont Platearius, Circa instans.
Ex-libris de Théodore Guaineri et sommaire de sa main.

 

En outre, ce dernier a fréquemment précisé le contenu de chacun des ouvrages, dont il indique souvent le titre et le sommaire. Théodore Guaineri utilise la formule récurrente « Theodori Guaynerii de Papia et amicorum », très répandue parmi les humanistes, amenés à prêter régulièrement leurs livres[27]. En bas du premier folio du manuscrit 233 se trouve un ex-libris un peu particulier, puisqu’il s’agit des armoiries de Théodore Gaynier, encadrées de ses initiales et soigneusement colorisées. On y constate également un aphorisme, issu d’un vers de Maximien l’Etrusque (Élégies III, 55) et que l’on rencontre parfois dans les livres de médecine : « Non intellecti nulla est curatio morbi » (« On ne peut soigner un mal qu’on ne comprend pas »). Le ms 174 ne comporte pas à proprement parler d’ex-libris, mais seulement le prénom « Theodorus », une date (1480 die 4° decembris), et la curieuse phrase : « Per non monstrare la mia doglia : tal volta rido, / Pero chi te […] gliela : sed apta te tempori ». Le mélange de l’italien et du latin ainsi que la lacune empêchent de percevoir clairement sa signification. La rédaction de cette note correspond en tout cas à une période de bouleversement politique du Duché de Milan. Un mois auparavant, le 3 novembre 1480, le jeune Duc Jean Galéas Sforza avait en effet désigné comme tuteur son oncle, Ludovic Sforza, dit Le More, qui s’empressa d’exiler la mère de Jean Galéas, Bonne de Savoie, afin d’évincer progressivement son neveu. Les obscures paroles notées sur le ms 174 sont peut-être à relier à l’épitaphe que le futur médecin royal prit soin de recopier au f. 153 du ms 107, et qui célèbre le père de Jean Galéas, Galéas-Marie Sforza, assassiné en 1476 :

Epitaphe de Galeas-Marie Sforza, cinquième duc de Milan, assassiné par un de ses serviteurs

 

La renommée peut bien dire que je ne fus qu’un duc parmi d’autres,

Reçois, lecteur, le récit d’un crime inouï sur terre :

Le serviteur qui aurait dû défendre mes viscères

Les a transpercées lui-même, plus cruel que sa cruelle main.

De là il apparaît que c’est par la constance, puisqu’elle est aux choses humaines

Trompeuse, que sous le coup du destin les royaumes tombent en même temps que leur maître.

Epitaphium Galeacii duci mediolani quinti interfecti a quodam suo servo

Qualemcumque ducem me fama fuisse loquatur,

Accipe inauditum lector in orbe scelus :

Qui mea debuerat defendere viscera servus

Transfodit saeva, saevior ipse, manu.

Hinc liquet humanis que sit constancia rebus,

Lubrica sub fatho cum duce regna cadunt.

Parmi tous les manuscrits, un seul ouvrage, le manuscrit 110, porte l’ex-libris d’Antonio Guaineri, avec mention du prix d’achat : « Antonio de Guayneriis est liber iste, precio ducatis IIII auri », ainsi qu’un conduxit, un laisser-passer, qui date du tout début de carrière du médecin : « Meus Antonius conduxi in Pad. 31 octobris 1411, Mel. ». À l’intérieur d’autres ouvrages, la main d’Antonio Guaineri est reconnaissable : outre les annotations des mss 108, 112 et 224, le médecin a en effet écrit en partie le ms. 107, dont nous reparlerons. Quant au ms 232 déjà mentionné, il contient, en plus de la liste des naissances des enfants d’Antonio, un conduxit également daté du 31 octobre 1411. Enfin, comme l’a montré Charles Samaran[28], certains ouvrages peuvent être rattachés à la bibliothèque personnelle des Guaineri à la fois par leur thème, la médecine, et l’origine de leur filigrane :

 

Ms 169Jean Buridan, Lectura et quaestiones breves in Aristotelis libros de anima.Ferrare
Ms 229Commentarius in Aristotelis.Savoie, Milan
Ms 231 Jacques de Forli, Commentarius in Hippocratis aphorismos...Milan, Bergame, Côme
Ms 236Jacques de Forli, Expositio super tres libros Tegni Galeni...Plaisance, Milan, Modène
MS 234Galien, Liber de accidenti in morbo...Montferrat
Ms 239Sérapion, Liber de simplicium medicinarum.Grenoble, Milan
MS 240Galien, De dignatione pulsum.Bergame, Milan
Ms 247Celse, De medicina.Milan

 

Ces filigranes proviennent en effet de lieux qu’Antonio Guaineri a fréquentés au cours de sa vie : l’Italie, et tout particulièrement l’Italie du Nord (Bergame, Milan), sa région d’origine ; la Savoie, lors de son service auprès d’Amédée VIII. Le folio 63vo du ms 234 contient des notes relatives au marquisat de Montferrat, autre lieu dans lequel Antonio exerça :

XX aprilis circa completorium, obiit dominus Theodorus marchio Montisf., filius imperatoris Grecie, in Tridino

Millesimo ccc° XXXVIIII die lune XXVIII octubris, dominus Iohannes marchio Montisff. intravit civitatem Astensem

Ces notes font référence à la mort de Théodore Ier (fils de l’empereur byzantin Andronic II) en 1338 à Trino, et à l’entrée de Jean II Paléologue dans la ville d’Asti en 1339, qui reprend la ville passée sous la domination milanaise en juillet. L’ouvrage se trouvait donc dans le marquisat de Montferrat au XIVe siècle, et il est tout à fait probable qu’il se soit retrouvé entre les mains du médecin pavesan lors de son séjour en ce lieu un siècle plus tard. Pour finir, on ne peut pas exclure que les mss 104, 226 et 230, dont le deficit a été constaté lors de l’inventaire de 1853, aient pu appartenir aux Guaineri. Leur époque et leur thème permettent en tout cas d’émettre cette hypothèse :

 

Ms 104, date incertaineDe corpore humano, ouvrage d'anatomie
Ms 226 (1346)Gentile da Foligno, Medicina
Ms 230 (1445)Apollinaris Jofredus Cremonensis in librum Aristotelis de anima...

 

Au sein de cette bibliothèque, la médecine occupe bien évidemment une place prépondérante, puisque les ouvrages médicaux représentent la quasi-totalité de l’ensemble. En effet, seuls les mss 112, 169 et 205 échappent au strict domaine médical : le premier mêle divers textes d’humanistes italiens, dont Pétrarque, le second contient un commentaire du De anima d’Aristote, et le dernier les œuvres de Paolo da Pergola. La bibliothèque des Guaineri comporte des ouvrages « classiques », que tout médecin se devait de posséder : on y trouve ainsi les autorités issues de la science médicale antique (Hippocrate, Aristote, Galien) et arabe (Avicenne, Averroès). L’influence universitaire est manifeste dans cette bibliothèque, avec comme pièce « phare » le manuscrit 170, qui renferme le seul exemplaire qui nous soit parvenu du commentaire au Canon d’Avicenne rédigé par le médecin Appolinare Offredi de Crémone (f. 31r-53r), enseignant à Pavie. Cet écrit est à mettre en relation avec le cours de lecture ordinaire dont Offredi fut chargé dès 1441. La date mentionnée par l’explicit, 1449, concorde avec le retour d’Antonio Guaineri à Pavie : son collègue lui en fit certainement don à cette époque. D’autres manuscrits sont l’œuvre de professeurs d’université : notons le ms 244, le Commentarius in sex primi libri quarti Canonis Avicennae, de Marsile Santasofia, ou le ms 245, qui contient un autre commentaire d’Avicenne, par Gerardo Berneri, ainsi qu’un commentaire à l’Almansor de Rhazès, par Sillano Nigri. Nous avons donc là les deux « piliers » de l’enseignement de l’époque : le Canon d’Avicenne (constamment cité par Antonio Guaineri dans ces œuvres) et l’Almansor de Rhazès. L’idée de transmission est encore plus prégnante si l’on relève l’observation qu’a faite Marilyn Nicoud : ces deux ouvrages furent en effet copié par des étudiants de médecine de Pavie, Leonardo de Montilio (ms 244) et Niccolo de Rubeis (ms 245)[29]. S’inscrit également dans la tradition universitaire le ms 232, qui, sous le titre Index arabicus in Avicennam, contient les Synonyma medica de Simon de Gênes, et offre des correspondances entre termes employés par Avicenne (parfois directement en arabe) et mots latins. Enfin, se détachent également des traités plus spécifiques, qu’Antonio Guaineri a pu utiliser pour rédiger ses propres ouvrages. On citera notamment un Liber de mineralibus (ms 170), le Tractatus de venenis de Pietro d’Abano (ms 245) et divers Synonyma medica, qui correspondent au goût d’Antonio Guaineri pour l’emploi de termes précis (mss 174 et 177). La bibliothèque des Guaineri se signale aussi par la présence de traités d’auteurs contemporains, parmi lesquels les Italiens sont particulièrement mis à l’honneur. C’est l’aspect plus pratique de la médecine qui transparaît ici, à travers les œuvres de Michel Savonarole (mss 243 et 245), les divers consilia et surtout les différentes recettes et remèdes (par ex mss 174, 206, 245), dont Antonio Guaineri se montre particulièrement friand dans ses propres œuvres.

En guise de conclusion, je dirai quelques mots du ms 107, qui parachève cet ensemble : il rassemble le De febribus et le De peste et venenis, et est partiellement écrit de la main d’Antonio Guaineri. Comme nous l’avons vu, il date de 1422, et son caractère autographe est attesté par Théodore lui-même, au recto du premier folio : « Composuit opus hoc Antonius Guaynerius de Papia, genitor meus, et maior pars huius operis est scripta manu eius propria »[30]. Le contenu du manuscrit est précisé par Antonio Guaineri ; Théodore a rajouté le titre d’un autre traité paternel, le De pleuresi, pourtant absent du ms 107 : « In presenti volumine continetur tractaus de febribus, tractatus de peste et tractatus de venenis. [autre main] Et de pleuresi ». Sans doute ce dernier traité était-il à l’origine inclus dans le ms 107 ; peut-être fit-il partie des manuscrits perdus lors de la bataille de Fornovo. C’est un manuscrit copié avec soin, dont chaque titre et début de paragraphe est passé à l’encre rouge. Comme tous les traités d’Antonio Guaineri, le ms 107 se caractérise par son orientation à la fois théorique et pratique. Bien qu’ayant reçu une solide formation universitaire, Antonio Guaineri ne méprise pas pour autant le savoir populaire, s’il peut s’avérer bénéfique au patient. Si sa méthode repose sur la connaissance des auteurs anciens, qu’il cite largement, il accorde également une grande importance à l’observation et à l’expérience personnelle. En cela, le ms 107 est le parfait reflet des lectures issues de sa bibliothèque personnelle, qui rassemble auteurs anciens et savoir médical de l’époque. L’empreinte universitaire n’efface pas l’aspect pratique de certaines œuvres : les consilia et les recettes sont présents, qu’ils fassent l’objet de traités ou apparaissent ponctuellement sur les folios laissés vides. Il s’agit enfin d’un savoir qui est exploité, mais aussi questionné et actualisé, au vu des notes qu’Antonio Guaineri a griffonnées sur certains de ses manuscrits, et que l’on retrouve même dans le ms 107, soigneusement corrigé et complété par le médecin lui-même.

 

Notes

[1] Pour la biographie d’Antonio Guaineri, voir notamment Ernest Wickersheimer, Dictionnaire biographique des médecins en France au Moyen Âge, I, Genève, Droz, 1979, p. 34-35 ; Lynn Thorndike, A History of Magic and Experimental Science, IV, New York, Columbia University Press, 1953, p. 215-231 et 670-677 ; Daniela Mugnai Carrara, Dizionario Biografico degli Italiani, LX, Istituto della Enciclopedia Italiana, 2003, p. 111-115 (disponible en ligne à l’adresse suivante : http://www.treccani.it/enciclopedia/antonio-guaineri_(Dizionario-Biografico)/). Sur Antonio et Théodore Guaineri et leurs liens avec le milieu curial, voir Marilyn Nicoud, Le Prince et les médecins. Pensée et pratiques médicales à Milan (14021476), Rome, École Française de Rome, 2014. Certains des manuscrits qui composaient la bibliothèque des Guaineri ont été numérisés par l’IRHT et sont accessibles en ligne, sur le site de la Bibliothèque Virtuelle des Manuscrits Médiévaux. L’ensemble des manuscrits est consultable au service patrimoine de la bibliothèque du Parc Ronsard de Vendôme. À ce propos, je remercie chaleureusement Alain Dubois, responsable du fonds ancien, pour sa disponibilité et son accueil.

[2] Antonio Guaineri, De matricibus, Chapitre II, De causis et signis tam pronosticis quam demonstrativis retentionis menstruorum, in Opus preclarum ad praxim non mediocriter necessarium Pavie, Bernardinus de Garaldis, 1518, f. 138 ra.

[3] Préface au De peste, ms. Vendôme 107, f. 53r.

[4] « Pareillement, je me rappelle qu’il advint la même chose à Chieri en 1415, parce qu’à l’automne beaucoup disaient qu’ils avaient rencontré la Vierge, qui leur avait annoncé la peste à venir. Et l’été suivant, une très grande peste survint en ce lieu ». Ibid., f. 56v.

[5] « Ainsi se termine le Traité des fièvres, [dédié] au remarquable docteur en arts et médecine, Maître Antonio Magliani de Chieri, très illustre personne, physicien de M. le Duc de Savoie, édité par mes soins, moi, Antonio Guaineri de Pavie, séjournant en la ville de Chambéry ». Ibid., f. 52r.

[6] « En effet, un certain chirurgien, non instruit mais grand expérimentateur, l’année dernière dans le Dauphiné, du temps de la grande peste, s’il se rendait auprès des malades dès le début du mal, après leur avoir fait une saignée et leur avoir apposé cet emplâtre, il les guérissait presque tous ». Ibid., f. 105v.

[7] En 1449, un « Maître Antoine », qui est peut-être notre médecin, soigne ainsi « monseigneur de Genève » (probablement Philippe de Savoie, Comte de Genève à la suite de son frère Louis, en 1434). Parvenu à contrer sa fièvre à l’aide d’écarlate, il « bénéficie ce même hiver des tenues dévolues aux proches des enfants » (Agnès Page, Vêtir le prince. Tissus et couleurs à la Cour de Savoie (1427-1447), Lausanne, Université de Lausanne, p. 102-103).

[8] Opera medica, Pavie, Antonius de Carcano, 1481.

[9] Citons, par exemple, Isbrand Diemerbroek, anatomiste danois (1609-1674) qui mentionne le De peste d’Antonio Guaineri dans son propre ouvrage sur la peste (Tractatus de peste in quatuor libros distinctus, Amsterdam, Jean Blaeu, 1665, I, VIII, p. 38) ou Jean Astruc (1684-1766), médecin de Louis XV, qui le fait figurer dans son Traité des maladies des femmes avec un catalogue chronologique des médecins qui ont écrit sur ces maladies, Avignon, Libraires Associés, 1763, p. 335-336.

[10] Dans le cadre du projet SaRC, le CESR de Tours a récemment acquis un exemplaire de l’édition de 1518 (op. cit.), qui fera l’objet d’un prochain article. Les éditions de 1525 puis 1534 furent imprimées à Lyon, respectivement chez Constantin Fradin et Scipio de Sabanio.

[11] Sébastien Colin, L’onziesme livre d’Alexandre Trallian traitant des gouttes, Poitiers, Enguilbert de Marnef, 1556.

[12] BNF, mss hébreu 1131 et 1134.

[13] Dictionnaire des sciences médicales, Paris, Panckoucke, 1820, I, p. 266.

[14] BNF, ms hébreu 1134, folio de garde.

[15] Au chapitre VI du De pleuresi, Antonio Guaineri rapporte avoir assisté à la mort de Dorothea dei Conti di Meda, qu’il qualifie de « parente » : « Et patiens infra diem naturalem, alium ad mundum transit, ut de illa nobili Catherina de Villa ac de nobili Dorothea ex Comitibus de Mede, cognata mea, ipse vidi » (Opus preclarum, op. cit., 1518, f. 72 ra).

« 1438. Le 9 septembre, entre la quinzième et la seizième heure, est née ma fille Cristina, en la terre de Casal Saint Vas.

1439. Le 7 octobre, entre la quinzième et la seizième heure, est né mon fils Zeno, en ladite terre de Casal.

1440. Le 14 octobre, vers la vingt-deuxième heure, est née ma fille Basilica, en ladite ville de Casal.

1441. Le 17 octobre, entre la troisième et la quatrième heure de la nuit, est née ma fille Isabeta, audit lieu de Casal.

1443. Le 20 août, environ à la quatorzième heure, est née ma fille Polina, au lieu de Casal.

1444. Le 19 août, entre la quinzième et la seizième heure, est née ma fille Gabriella, au lieu de Casal.

1447. Le 20 août, davantage vers la douzième heure que vers la onzième, à Chieri, est né mon fils Georgio.

1448. Le 27 août, environ à la vingt-deuxième heure, est née ma fille Theodorica, en la cité de Pavie.

1449. Le 24 novembre est né mon fils Theodoro, en la cité de Pavie.

1451. Le 24 décembre est née ma fille Nicholina, en la cité de Pavie, dans la maison qui jadis appartint aux Bosii, et elle est morte le 29 du même mois de l’année 1452.

1453. Le 22 avril, environ à la seizième heure, est né, à Pavie, dans la maison qui jadis appartint aux Bosii, mon fils Alexander.

1458. Le    est né Nicolaus »

[16] Vincenzo Malacarne, Delle opere de medici, e de cerusici che nacquero, o fiorirono prima del secolo XVI negli stati della real Casa di Savoia : Monumenti raccolti, Turin, Nella stamperia Reale, 1786, I, p. 48. Voir aussi Agostino Sottili, Lauree Pavesi nella seconda metà del’400, II, Bologne, Cisalpino, 1995, notamment p. 27-29 pour Théodore et p. 49 pour Giorgio.

[17] Lettres de Charles VIII, roi de France : publiées d’après les originaux pour la Société de l’histoire de France, par Paul Pélicier, Paris, Renouard, 1900, II, p. 430-431.

[18] Id., III, p. 137.

[19] Archives de Lyon, CC 531.

[20] Lettres de Charles VIII, roi de France, op. cit., III, p. 172.

[21] Don à Nicolas Gaynier de Pavie des biens jadis possédés par Pietro de Vesano, Octobre 1499, Archives Nationales, JJ 233, pièce n° 42.

[22] Il trattato delle fontane et acque di Ritorbio, dell’eccell. Medico e Consigliero Regio, M. Theodoro Guainerio, Pavese. Nuovamente posto in luce, e di Latino fatto Italiano, Lyon, héritiers de Jacques Giunta, 1577 [1557].

[23] Jean Martellière, « Maistre Theodore », Revue du Seizième siècle, (3) Genève, Droz, 1915, p. 72-75.

[24] BNF, ms français 20593, n° 52.

[25] Date à laquelle il est déjà mort : « Maistre pacello de mercoliano … cognut et confessa avoir prins a faire du roy nred. Sr ung puys ou jardrin qui fut a feu teodore de pauye ». BNF 28416, Dr 44425, cité par Pierre Lesueur, « Les jardins du Château de Blois et leurs dépendances », Mémoires de la Société des sciences et lettres de Loir-et-Cher, 18, Blois, Migault et Cie, 1904, p. 287 et 293.

[26] Cette partie et les tableaux recensant les manuscrits s’appuient sur les catalogues de Henri Omont, Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, III, Paris, Plon, 1885, de Charles Samaran et Robert Marichal, Catalogue des manuscrits en écriture latine, portant des indications de date, de lieu ou de copiste, Tome VII, Ouest de la France et Pays de Loire, Paris, CNRS, 1984, ainsi que sur l’ouvrage de Marilyn Nicoud, op. cit., Dossier no 6, p. 573-580.

[27] Sur ce type d’ex-libris, consulter Donatella Nebbiai-Dalla Guarda, « Letture e circoli eruditi tra quattro e cinquecento : a proposito dell’ex-libris “et amicorum” », I luoghi dello scrivere da Francesco Petrarca agli albori dell’età moderna, a cura di Caterina Tristano, Marta Calleri e Leonardo Magionami, Spoleto, Centro italiano di studi sull’alto medioevo, 2006, p. 375-394.

[28] Charles Samaran, op. cit., p. 24.

[29] Marilyn Nicoud, op.cit., p. 106.

[30] « Antonio Guaineri de Pavie, mon père, composa cet ouvrage, dont la majeure partie est écrite de sa propre main ».

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