Pièce justificative 9, transcription Patrick Bordeaux

Acte d’achat d’un hôtel particulier et d’un terrain à Luynes pour y bâtir le nouvel hôpital ducal, 1680.

Tours, Archives diocésaines, Luynes K5, acte n° 27 (ft 23).

Pardevant les nottaires au duché et pairie de Luynes soussigné furent présents en leurs personnes establys et soumis maistre René Dudoit, avocat et procureur au duché de Luynes, et Catherine Leduc sa femme de lui duement et suffissament autorrissez pour l’effet des présentes, demeurant parroisse de Fondettes, lesquels et chacun d’eux solidairement ont vendu, et par ces présentes vendent et prometent garantir à perpettuité, quitent, et dellaissent et transportent de tous troubles, hypotecque et empeschement quelconques à Nicolas Gaultier, prestre et administrateur de l’hostel-Dieu de cette ville, à ce présent et accepptant, et stipullant pour les pauvres, y demeurant parroisse Sainte-Geneviève, de l’authorité, voulloir et consentement de très hault et puissant seigneur Monseigneur Louys-Charles d’Albert, duc de Luynes, pair de France, chevalier des ordres du Roy, [marquis d’Albert, comte de Tours, barron de Rochecorbon, Semblançay et autres lieux][1], fondateur dudit hôpital, aussy à ce présent et acceptant.

Savoir est une maison consistant en un corps de logis composé de deux chambres basses à cheminées, deux celliers dessous, deux chambres hautes aussy à cheminées, deux cabinets aussy accosté desdites chambres, et un escallier de pierre aussy pour y monter, et une escurie, une boullangerie, avec les caves au envirrons, grenier et comble sur ledit logis, renfermé de murailles, couvert d’ardoizes et thuylles, un jardin derrière ledit logis, renfermé de murailles, appelé enciesnement le Jardin de Maillé, un clos de pré au bout, renfermé de faussez. Contenant le tout un arpent ou envirron[2], et tout ainsi que lesdites choses se poursuivent et conportent. Size et scituez en cette ville, paroisse de Saint-Venant, joignant du costé d’aval à messire François Morreau, baillif dudit siège, la veuve François Fortin et maître François Guillon, d’amont à Denis Guyot et messire Michel Daulphin et François Gautier, d’un bout de midy à Jacques Guillon, un fossé entre deux, d’autre de septentrion à la rue du Morier. Estant au fief et seigneurie du chasteau de ce lieu, fors parties de la cour à prendre depuis le portail jusques au logis dudit sieur Morreau qui est au fief de Chesteigné[3], tenu d’un demy cartier[4].

Sous le devoir de cinq sols de devoir féodal et seigneurial, pour du tout jouir par ledit sieur Gaultier, l’audit nom d’administrateur, et ses successeurs en ladite qualité, à perpétuité pour y establir un hôpital et le logement des pauvres, au lieu et place de celuy où ils sont à présent, et y faire construire le logement et bastiment nécessaires et convenables par l’avis et consentement de mondit seigneur et successeur, sous l’hautorité desquelles le sieur Gaultier et sesdits successeurs ne pourront vendre, alliéner ni eschanger ladite maison, jardin, ni austres choses dessus vendus ; et cens et rentes seront payés, aquittées par ledit vendeur jusque à ce jour.

La présente vendition faite pour et moyennant le prix et somme de deux mille huit cens livres pour tout prix principal, payable par ledit sieur Gaultier audit nom, savoir moitié montant à quatorze cents livres dans deux ans, et l’autre moitié deux ans après. Et cependant l’intérest chacun an à raisson du denier vingt, suivant l’ordonnance, à commancer au jour de Toussaint prochain que ledit sieur, l’audit nom, entrera en jouysance desdites choses cy-dessus vendues pour asseurance du principal intérest, lesdites choses aussy vendues demeure spéciallement affectées et hypotiquées (sic), mesme ledit encien hôpital, comme les ferme et maitérie de Passetemps, size en l’île de Bertenay[5], dellaissées laudit hôpital par mondit seigneur – pour les causes mentionnées en l’acte de démition du quatre may, et homologué par mondit seigneur archevesque de Tours le cinquiesme juin ensuivant, enregistrées au grefs de ce siège le dix-septiesme dudit mois de juin, et acte d’acceptation faite par ledit sieur Gaultier devant Jouye, nottaire le ving-trois dudit mois de may – et générallement tous et chacuns les autres biens appartenant l’audit hôpital, et diminuront lesdits héritages à proportion du payement qui sera fait dudit principal pour faciliter le payement desdits intérests.

Ledit sieur, l’audit nom, a promis de faire obliger le fermier de Passetemps qui entrera à Noël prochain, envers lesdits vendeurs, et a mondit seigneur fait don et remise l’audit hôpital des droits d’indamnité de droit, qui pouroit luy estre deub en conséquence de la présente acquisition, à condition néanmoins que mondit seigneur aura le mesme droit sur ses lots (sic) et ventes sur l’encien hôpital, qu’il pourroit avoir sur lesdites choses vendues qui tiendront une mesme nature des héritages ; et ne pourra le présent contrac nuire ni préjudicier à mondit seigneur, à ses droits, qualités. Et à tout ce que dessus se sont lesdites parties respectivement obligées chacun en droit soit, avec tous et chacuns leurs biens meubles et immeubles présent et avenir, renonsant à toutes choses contraire, dont les avons jugé de leurs consentement.

Fut passé au chasteau de Luynes envirron midy, le ving-six d’aoust mil six cents quatre-vingt, en présence de Jean Fourneau, praticien, et René Guyet, vigneron, demeurant l’audit Luynes, parroisse de Nostre-Dame de Luynes. Ledit Guyet a dit ne savoir signer.

Signé en la minute : Louys-Charles d’Albert, Nicolas Gaultié, Dudoit, Catherine Leduc, Fourneau et Drouard, nottaire. Soussigné Drouard, nottaire et sellé.

[1] Cette partie est remplacée par des points de suspention dans la transcription.

[2] Environ 3 418 m².

[3] Châtigny, sur la commune de Fondettes.

[4] Environ 250 à 312 m².

[5] Berthenay.