Établir la biographie des figures soignantes de l’Ancien Régime : l’apport des sources archivistiques

 

Idelette Ardouin-Weiss, professeur honoraire, Académie de Touraine, Tours

Isabelle Girard, conservateur du patrimoine, Archives départementales d’Indre-et-Loire, Tours

 

Présentation

 

Apothicaires, chirurgiens, médecins, barbiers, sages-femmes, charlatans, bonimenteurs ou même bourreaux : quel qu’ait été leur rôle en matière de soins ou de santé, dans l’ancienne Touraine comme ailleurs, ces personnages qui ont vécu il y a plusieurs siècles ont à coup sûr laissé des traces de leur existence ! Telle est la première pensée de ceux qui fréquentent ou conservent les documents d’archives lorsque l’on évoque, devant eux, la nécessité ou l’envie de dresser la biographie de tels individus. C’est ainsi que les deux auteures ont eu le souhait, à l’occasion d’une rencontre avec les acteurs du projet SaRC – Santé en Région Centre au Moyen Âge et à la Renaissance –, d’expliquer leur pratique des sources anciennes pour présenter différents axes de recherche. Idelette Ardouin-Weiss, membre de l’Académie de Touraine, diplômée de l’École Normale Supérieure de Cachan et qui fut professeure de physique appliquée, est férue d’histoire et consulte depuis de nombreuses années les archives conservées dans diverses institutions, à des fins de recherches historiques et généalogiques. Isabelle Girard, conservateur du patrimoine aux Archives départementales d’Indre-et-Loire connaît, par le classement des fonds anciens, la rédaction des instruments de recherche spécifiques ou l’accueil du public, l’intérêt de ces sources et les différentes méthodologies de recherche qui peuvent être déclinées pour accéder aux informations.

Le périmètre de cette intervention porte sur un groupe restreint d’individus, tout en donnant la possibilité à chacun d’explorer la même démarche pour un autre personnage, quels que soient sa profession et son lieu d’exercice ou de vie. Étudier une figure soignante particulière, c’est faire sa biographie. C’est retrouver les principales étapes de son existence, la replacer dans son contexte familial, professionnel, urbain, religieux ; c’est en un mot la faire revivre. Dans ce but, on peut utiliser les documents d’archives, qui ne constituent pas, comme beaucoup se l’imaginent, un cimetière poussiéreux. Ils forment au contraire une mine inépuisable de renseignements de toutes sortes, mine certes un peu difficile d’accès au départ et nécessitant dans certains cas de longues recherches. Ces documents fourniront des informations limitées, succinctes, parcellaires, sans relations entre elles apparemment, parfois sans intérêt a priori, dont il faudra pourtant ne négliger aucune. Car lorsqu’on réunira le puzzle qu’elles constituent, quel bonheur de voir émerger des connexions insoupçonnées, d’apercevoir une cohérence et finalement de pouvoir mettre en place le déroulement de la vie du personnage ! Et à ce moment-là, de grands pans de son existence quotidienne apparaissent enfin ! Les actes qui vont suivre se veulent une première approche des sources. Issus de différentes séries d’archives, ils ne vont pas se rapporter au même personnage, ce qui aurait demandé trop de temps pour les retrouver. Le but consiste ici, en expliquant la nature, l’origine et l’intérêt des sources, à montrer que ces différents types d’actes existent, en utilisant ceux déjà relevés pour d’autres raisons évoquées ci-dessus.

État civil

À la base de toute recherche généalogique, l’on trouve en première place les actes de l’état civil (pour la période 1792 à aujourd’hui) et les registres paroissiaux (ou registres des baptêmes, mariages et sépultures) pour la période antérieure. En France, les registres paroissiaux existent depuis les années 1450-1500 mais peu ont été conservés. Le plus ancien registre paroissial connu est celui de Givry (Saône-et-Loire), couvrant les années 1303 à 1357.

Quelques dates doivent être connues : en 1539, l’ordonnance royale de Villers-Cotterêts oblige les curés de chaque paroisse à tenir « un registre en forme de preuve des baptêmes » ; en 1579, celle de Blois rend cet enregistrement obligatoire aux actes de mariage et aux sépultures ; en 1667, le Code Louis généralise la tenue des registres en double exemplaire (l’un, nommé « minute » et portant les signatures des témoins reste dans la paroisse, tandis que l’autre, la copie nommée « grosse », est transmise au greffe du juge royal). À partir de 1674, les registres doivent être tenus sur papier timbré, ce qui dissuade certains curés de rédiger les grosses et après 1713, de nombreux curés refusent de tenir le second exemplaire du registre. L’ordonnance royale de 1736 les oblige à tenir deux originaux de même valeur probante, également signés par les témoins. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, des communautés religieuses (abbayes, couvents, séminaires et chapitres de cathédrales), ont été autorisées à tenir des registres dont les actes concernent les membres de leur communauté (professions de foi et sépultures des religieux, parfois mariages du personnel laïc). Les hôpitaux tiennent également leurs propres registres de sépultures. Les registres protestants, contenant baptêmes, mariages et sépultures, peuvent débuter à la fin du XVIe siècle. À partir de 1668, comme pour les catholiques, il existe des registres annuels communs aux trois types d’actes. Après la révocation de l’Édit de Nantes, en 1685, les protestants n’ont plus d’existence légale : les registres cessent d’être tenus (ou le sont clandestinement) et n’ont pas été conservés. Au milieu du XVIIIe siècle, dans un contexte de contrôle des inhumations, certains juges rédigent des autorisations spéciales, accordées sur requêtes des protestants souhaitant enterrer leurs morts dans des terrains privés. Enfin, l’édit de tolérance de novembre 1787 permet que les non-catholiques, qui ont une existence de fait à défaut d’être légale, fassent constater les naissances, mariages et décès, afin de contrer les complications juridiques lors du règlement des successions : ces actes seront enregistrés par le juge seigneurial du lieu de leur domicile.

Par décret de l’Assemblée nationale du 20 septembre 1792 naît la laïcisation de l’état civil. Les registres paroissiaux sont confiés aux municipalités, dont le maire dorénavant tient, en double, les registres des « naissances, mariages et décès », qui remplacent les actes de « baptêmes, mariages et sépultures ». S’y ajoutent les divorces dès qu’ils sont autorisés. Les registres paroissiaux antérieurs à 1793 deviennent propriété des communes – parfois déposés aux Archives départementales – et l’ancienne série du greffe du bailliage entre dans les fonds départementaux. Dans la plupart des départements français, il est possible de mener ces recherches généalogiques à distance puisque ces fonds, les plus consultés par le public, ont fait l’objet de grandes campagnes de numérisation. Tel fut le cas en Indre-et-Loire où ces actes, dont les plus anciens remontent à 1506, ont été numérisés entre 2009 et 2011 puis mis en ligne sur le site internet des Archives départementales.

Consulter ces sources constitue donc le b.a.-ba d’une biographie, permettant de situer immédiatement un personnage dans le temps. Nous pouvons présenter, pour ce type d’actes, la naissance, le mariage et le décès d’un seul et même personnage, l’apothicaire Jacques Senelle, qui a vécu dans la première moitié du XVIIe siècle. Notons qu’à cette époque, l’état civil est tenu par le clergé ; l’acte de baptême remplace l’acte de naissance et celui de sépulture l’acte de décès.

Le baptême de Jacques Senelle  

Le vingtiesme janvier 1604 fut baptizé sur les fons de leglize monastère St Saturnin de Tours par moy curé de la dicte eglize Jacques filz d’honorable homme Charles Senelle maître apoticaire et de Claude de Garrance sa femme. Fut parain noble homme Jacques Gaultier sieur de Fontaines Conseiller du Roy en son parlement de Bretagne et maraine damoiselle Marye Ginguet femme de noble homme Vulcain Forget docteur en médecine. Jacques Gaultier Marie Ginget Rousson.

Cet acte de quelques lignes donne néanmoins un nombre important d’informations : la date du baptême (20 janvier 1604), mais non le jour de sa naissance (quelques jours auparavant) ; l’église dans laquelle Jacques Senelle a été baptisé (Saint-Saturnin à Tours, quartier dans lequel les parents habitaient) ; les nom et prénom de ses père et mère (Charles Senelle et Claude de Garrance) ; la profession du père (apothicaire comme le deviendra son fils) ; l’identité du parrain qui est un notable (noble homme, sieur de Fontaines, conseiller du roi au parlement de Bretagne) ; l’identité de la marraine, femme d’un médecin. Mais des questions se posent immédiatement, qui donnent envie d’en savoir plus : l’église de Saint-Saturnin existe-t-elle encore et où se situe-t-elle ? Quel âge ont les parrain et marraine ? Le parrain est sieur de Fontaines : où ce lieu se trouve-il ? Où habite-t-il à Tours ? Pourquoi connaît-il les Senelle ? Pour quelle raison le choisit-on comme parrain ? Le médecin Vulcain Forget est-il une relation professionnelle du père du nouveau-né ? Pour quelle raison le père ne signe-t-il pas l’acte, au contraire du parrain et de la marraine ? Est-il absent ? Illettré ? Est-ce une habitude du curé ?

Le mariage de Jacques Senelle

 

Le dimanche octave de Pasques septiesme avril mil six cens quarente un par dispense de Monseigneur l’archevesque de Tours tant de deux bans que du temps [deux mots barrés] signée de St Martin et Legendre prosecretario en datte du sixiesme avril et [trois mots barrés] année presente apres la publication dun ban des promesses faittes mardy dernier à la grand messe parrochialle de ceste eglize ont esté espousés et benis solennellement en face de nostre mere Saincte eglise* honorable homme Jacques Senelle marchand bourgeois et Me apoticaire de ceste ville de Tours et [deux mots barrés] fils de deffunt honorable homme Charles Senelle et de Claude Degarance ses pere et mere et Marie Fourmy fille de feu Jacques Fourmy et de Marie Proust ses pere et mere tous deux de ceste parroisse. En presence des venerables Julien Jouslin Urban Royer Jacques Emery prestres habituez et ordinaires en ceste ditte eglise Mathurin Perdriau oncle du dit Senelle et Matherin Riddé Marin Pineau et autres soubzsignés * par moy recteur curé soubzsigné. Senelle Jouslin Royer marie fourmi M perdriau M Pineau Jehanne bataille Mathurin Ridde Françoise Dames Emery Chauffour.

Jacques Senelle se marie le 7 avril 1641, à l’octave de Pâques, soit le premier dimanche après Pâques. Il a trente-sept ans. C’est son premier mariage : en cas contraire, le curé aurait indiqué qu’il était veuf ou il n’aurait pas mentionné ses père et mère. Pour quelle raison les futurs sont-ils dispensés de deux bans ? La future n’était pas enceinte (on sait par d’autres recherches que ce couple n’a pas eu d’enfants) et l’on n’est pas non plus proche du carême ou de l’Avent. Notre Jacques Senelle a déjà commencé une belle carrière : il est honorable homme et maître apothicaire, donc bien installé dans la vie, à trente-sept ans ! Les vénérables sont des prêtres. Si trois prêtres signent son acte de mariage et qu’il a obtenu une dispense de deux bans, c’est certainement parce que Jacques Senelle était un bon paroissien de cette église Saint-Saturnin, qui n’est pas mentionnée dans l’acte, mais qu’on connaît par l’origine du registre. À moins que ce ne soit dû à la notoriété de sa belle-famille. Examiner les signatures est important. Il faut noter celle du futur, pour ne pas le confondre avec un homonyme dans d’autres actes. On remarque qu’on retrouve les signatures des différents témoins. Qui sont Jeanne Bataille et Françoise Dames ? Un acte notarié montre que Jacques Senelle a pris comme apprenti en 1627 (il n’avait alors que vingt-trois ans) Albert Bataille, fils de Jean, apothicaire à Loches.

La sépulture de Jacques Senelle

Jacques Senelle meurt à soixante ans et est enterré dans la paroisse Saint-Saturnin dans laquelle il a toujours habité. 

Le 20 fevrier 1664 a esté inhumé en l’eglise le corps de mr Senelle mre Apoticaire.

Sur la même page du registre, quelques lignes plus loin, on trouve deux autres inhumations intéressantes :

Le 29 fevrier 1664 a esté inhumé en leglise le corps de dame Marie Foumy femme de mr Senelle.

Le premier jour de mars 1664 a esté inhumé en leglise des carmes le corps de [un blanc] Senelle femme de Mr Dalmas, qui y fut conduit processionnellement par le clergé de cette eglise lequel [un mot rayé] entra dans le chœur de la dite eglise des carmes, et y chanta le répons subvenite avec les suffrages doraison après la déposition du dit corps.

Rien ne prouve qu’il s’agit du Jacques Senelle recherché et il convient de faire attention à ne pas le confondre avec un homonyme. D’où la nécessité de confronter cet acte avec d’autres. Remarquons que Marie Fourmy est dite femme et non veuve de Jacques Senelle. Les deux premiers actes sont très succincts et ne fournissent pas d’informations, sinon la date de la sépulture, qui n’est pas tout à fait celle du décès. Ceux présents lors de la sépulture ne sont pas mentionnés. Mais cette page de registre pose d’autres questions. Qui est cette Senelle épouse Dalmas, qui meurt le lendemain du décès de Marie Fourmy ? D’autres actes montrent par ailleurs qu’il s’agit de Marie Senelle, femme d’Antoine Dalmas, marchand, qu’elle a épousé vers 1629 et dont elle a eu douze enfants. C’est probablement une sœur de Jacques. Pour quelle raison constate-t-on les décès de trois membres d’une même famille, à dix jours d’intervalle ? Habitaient-ils dans la même maison ? Ont-ils été victimes d’une intoxication ou d’une maladie contagieuse ? D’un incendie ? D’une tentative de meurtre ? Sans doute faudrait-il chercher dans les archives de la justice pour trouver une explication.

Conclusion sur ces actes issus des registres paroissiaux

De tels actes permettent de savoir à quelle époque Jacques Senelle a vécu et de connaître quelques membres de sa famille. Ces trois documents sont faciles à lire et à comprendre. On voit déjà qu’ils soulèvent aussi beaucoup de questions, qu’ils suggèrent d’autres pistes de recherches et qu’ils obligent à confronter des sources différentes. Face à un document d’archives, la démarche doit toujours être la même : noter toutes les informations qu’il apporte, se demander ce qui manque et où pourrait-on le trouver et surtout travailler avec beaucoup de rigueur.

Vie professionnelle

L’une des sources majeures, inépuisables et inestimables permettant d’appréhender la vie personnelle ou professionnelle d’un individu, provient des actes des notaires. Ils illustrent l’histoire des familles, des maisons, des territoires et de la vie économique ou sociale, depuis plusieurs centaines d’années : cinq cents ans en Indre-et-Loire. Un notaire est un officier public qui reçoit et rédige les actes et contrats auxquels les parties doivent ou veulent donner le caractère d’authenticité. Ces actes sont appelés « minutes ». Le notaire en assure la conservation et délivre les copies, nommées grosses et expéditions. L’étude est le local dans lequel travaille le notaire. Par extension, le mot désigne également la charge et la clientèle. Le terme d’office, plus ancien, est aussi employé. Sous l’Ancien Régime existent plusieurs catégories de notaires : royaux, seigneuriaux et apostoliques. En fonction de leur statut, des lieux, des époques, des catastrophes naturelles ou des guerres, les minutiers des uns et des autres ont pu arriver jusqu’à notre époque intégralement, dans la majeure partie des cas, ou partiellement parfois. Les minutes se divisent en plusieurs catégories. Les actes familiaux que sont les contrats de mariage, donations entre époux, consentements ou oppositions à mariage ; testaments (dont les olographes), codicilles ; inventaires, liquidations, partages, ventes de meubles à la suite des successions ; comptes de tutelles ou de curatelles ; contrats d’apprentissage. Les actes qui concernent la propriété : principalement des ventes d’immeubles, mais aussi échanges, partages, donations, procès-verbaux d’estimation de réparations ou de devis de travaux, actes concernant les biens mobiliers, baux à ferme, à moitié, à sous-ferme, à cheptel, à loyer. Les actes de crédit concernant les rentes : baux, constitutions, ventes ou rachats. Les actes liés aux circonstances politiques, liés aux droits féodaux : aveux, déclarations féodales, déclarations de censives, actes pour des communautés religieuses, actes d’assemblées d’habitants à la sortie de la messe dominicale. En Indre-et-Loire, soixante-trois études notariales ont versé leurs minutes de plus de soixante-quinze ans aux Archives départementales depuis la fin du XIXe siècle. Ces versements continuent aujourd’hui et l’ensemble représente près de cinq kilomètres linéaires de registres et de liasses, dont les plus anciens remontent à 1462 et les plus récents à la fin des années 1930. Les minutes sont classées dans la sous-série 3 E, par ordre de versement des études (de la première, 3 E 1, à la dernière, 3 E 63), par notaire et par ordre chronologique des actes pour chacun.

La vie professionnelle d’un individu commence souvent par un apprentissage, puis le garçon doit être reçu apte à exercer ce métier. Il peut ensuite gravir quelques échelons et devenir maître, voire maître juré. Quelques actes isolés pourront apporter un éclairage sur la façon dont il exerce son métier. Enfin, au moment de son décès, son testament et surtout l’inventaire de ses biens pourront compléter utilement l’idée qu’on se fait de sa personnalité, essentiellement par une déclaration éventuelle dans son testament, mais surtout par les livres et les objets qu’il a laissés.

Apprentissage d’un chirurgien

Prenons l’exemple d’un acte d’apprentissage chez un chirurgien qui débute comme toujours par la présentation des parties, le futur apprenti, puis le maître. 

Le 12e jour d’octobre lan mil cinq cens et seize en la court du Roy nostre sire à Tours […] personnellement establiz Lucas Vincent texier en toilles demeurant en la paroisse de poizay le Jolly pres le port de pilles et Jacques Vincent son filz aagé de 15 ans ou environ de son dit pere emancippé et autres quant à ce en nostre presence dune part et honorable homme Thomas Guerin maistre barbier et cirurgien demeurant audit Tours dautre part soubzmis etc. (Page 1/1, lignes 1 à 8).

On fixe ensuite la durée de l’apprentissage :

[…] audit Thomas Guerin de la feste monseigneur St Michel dernière passée jusques à quatre ans prochains venant consecutifs et ensuivans lun lautre sans intervalle pour ledit Guerin sondit maistre servir bien […]. (Page 1/1, lignes 14 à 16).

Puis viennent les conditions :

[…] en oultre le fournir à boire manger feu et lict et de soulliers seullement et lentretenir ainsi que à ung apprentiz appartient faire au regard de ses autres habillements ledit Lucas Vincent en fournira à ses despens en oultre a icelluy Lucas plegé de loyaulté sondit […]. (Page 1/1, lignes 23 à 26).

On remarque qu’il n’est pas question d’argent. Plus tard, les conditions deviendront plus détaillées. La durée de l’apprentissage au XVIe siècle varie selon le métier, les maîtres et les apprentis, en particulier selon l’âge de ces derniers.

Réception d’un chirurgien

Quittons Tours pour examiner un acte de quatre pages plus tardif, passé à Preuilly-sur-Claise, au sud de la Touraine, en 1700. Il montre que pour pouvoir exercer son métier, il faut parfois avoir recours à la justice. 

A Monsieur le Bailly de la baronnie de prülly.

Supplie humblement Josias Grelet, disant qu’il a obtenu de Monseigneur le baron de breteüil Seigneur de cette baronnie des provisions d’une place et estat de chirurgien, pour en faire publiquement l’exercice dans le ville dudit prülly, ressort et juridiction d’icele, en datte du 2 du present mois de septembre 1700 signée le baron de breteüil et de prülly et […]. (Page 1/4, lignes 1 à 9).

La requête est transmise au procureur le 25 septembre et un médecin, accompagné de deux chirurgiens, est chargé de l’examiner.

Je requiert pour la cour que ledit Grellet soit examiné par Daniel Poizay Docteur en Médecine, en presence de Michel Glaume et Jean Decelles Maistre chirurgien de cette ville et qu’il raporte sertificat du sieur curé de nostre Dame de cette ville, de sa religion vie et meurs pour ce fait requerir ce qu’il apartiendra. Fait ledit jour 25 septembre 1700. Michellet. (Page 2/4, lignes 8 à 14).

Les deux chirurgiens prévus refusent de l’examiner. Ils sont condamnés à 3 livres d’amende. Grelet est examiné par le seul sieur Poizay, médecin, et il fournit :

[…] le certifficat dabjuration fait par le dit Grelet du 27 octobre 1685 et attestation de Me Pierre Paulme prestre curé de notre dame de cette ville portant que ledit Grellet a fait ses pasques […]. (Page 4/4, lignes 8 à 11).

Grelet est finalement admis à exercer son métier dans la juridiction et à tenir boutique à Preuilly. Pour quelle raison les deux chirurgiens préfèrent-ils payer une amende plutôt que d’examiner le candidat ? Est-ce parce que Poizay et Grelet sont tous les deux de nouveaux convertis ? Ou parce qu’ils craignent la concurrence de Grelet ?

Réception d’un maître chirurgien

En 1609, le chirurgien Jehan Metteau, qui voulait devenir maître, a bien failli devoir faire appel lui aussi à la justice. 

Aujourd’huy vingt sixiesme jour daoust mil six cens neuf en presence de nous notaire royal à Tours soubzsigné et devant tesmoings cy après, honneste personne Jehan Metteau compagnon chirurgien aspirant à lestat de maître chirurgien en ceste dicte ville demeurant paroisse de Saint Symphorien des Ponts du dict Tours sest adressé aux personnes de honorables hommes Charles Despaigne, Sebastien Pauveau, René Vallée, et Gervais Jousseau maistres jures chirurgiens au dict Tours et à Robert Grasteau, Jacques Pean, André Marseille, Claude Jardin, Jacques Royer et Pierre Touschard maistres chirurgiens au dict Tours trouvez en la maison du dit Despaigne […]. (Page 1/2, lignes 1 à 13).

À plusieurs reprises, Metteau a demandé aux maîtres jurés de l’examiner pour le recevoir comme maître. N’ayant pas obtenu de réponse, il a perdu patience et s’est pourvu en justice. Les maîtres jurés lui répondent qu’ils veulent bien recevoir sa requête, à condition qu’il annule son action en justice, ce qu’il accepte. On lui fixe donc un nouveau rendez-vous le 24 septembre, en présence de deux témoins, aussi chirurgiens, Jehan Roudaud et Jehan Fontayne.

L’intérêt d’un tel document est d’abord de présenter un acte d’assemblée de gens de la même profession, de montrer un aspect de l’activité des maîtres jurés et d’illustrer de quelle façon un chirurgien peut passer à un grade supérieur. On voit la différence avec l’acte précédent, dressé un siècle plus tard, à la campagne et non en ville. On peut s’étonner qu’on puisse passer directement de l’état de compagnon (ligne 4) à la maîtrise (ligne 5). Pour tirer cela au clair, il faudrait pouvoir suivre la carrière du requérant. L’acte fournit également de nombreux renseignements sur les chirurgiens : le domicile du requérant (la paroisse Saint-Symphorien, près de Tours) ; les noms des maîtres jurés de 1609, ainsi que ceux d’autres chirurgiens et leurs signatures ; l’identité des témoins qui exercent le même métier.

Réception d’un médecin

Les choses ne sont pas plus simples pour un médecin, même s’il n’existe pas de corporation de médecins à proprement parler. 

Aujourdhuy [trois mots rayés, lacune] de janvier mil six cens trente cinq avant midy en presence [lacune] à Tours soubzsigné et des temoings cy apres nommez noble homme Abraham Rabotteau docteur en medecine demeurant en ceste ville de Tours paroisse St Saturnin sest transporté au domicille de noble homme Anthoine Bordat docteur en medecine du dit Tours et doyen des medecins du ditTours […]. (Page 1/4, lignes 1 à 6). […] leur auroit porté et exhibé ses lettres de docteur des medecines prises en luniversité de Padoüe […] quil auroit eues et il y avoit plus de dix ans […]. (Page 1/4, lignes 14-15).

Toutefois, malgré ses diplômes d’une université prestigieuse, Raboteau n’est pas arrivé à se faire admettre dans la compagnie des médecins de Tours. Se doutant que ses études à l’étranger suscitent quelque mécontentement, voire une certaine jalousie, il reprend des études dans une université française.

[…] toutefois affin de leur lever tout scrupule par l’advis du dit sieur Doien il se seroit transporté en luniversité de Bourges et là sest remis tout de nouveau sur les bancs, a faict imprimer et soustenu des theses et pris lettres de docteur tout de nouveau en la dite faculté, puis a esté se mettre par luy […]. (Page 1/4, lignes 34 à 38).

Malgré ses efforts, il ne réussit toujours pas à se faire recevoir par les médecins de Tours, qui sont toujours absents aux rendez-vous. Des amis bien renseignés lui disent que de toute façon, ils ne veulent pas l’accepter. Raboteau fixe un nouveau rendez-vous au doyen et à huit autres médecins pour le lendemain chez le doyen Bordat (page 2). Il rend visite à chacun des huit médecins, mais il ne les trouve pas toujours. Ceux qu’il rencontre promettent de venir (page 3). Au final, personne ne vient et on ne connaît pas la fin de l’histoire. Il est intéressant de se renseigner sur ce Raboteau et son milieu familial : on apprend alors qu’il est fils de Jacob Raboteau, notaire royal à Preuilly-sur-Claise et qu’il a été baptisé à l’Église Réformée de cette ville le 20 avril 1597. Il s’y est marié le 27 juin 1629, avec Marie Piozet, veuve. En 1635, il a 38 ans et trois enfants. En plus de détails originaux sur la carrière de Raboteau, cet acte donne les noms des principaux médecins de Tours en 1635. On pourra chercher quelques informations sur ces médecins et en particulier sur leur religion, qui pourrait jouer un rôle dans la nomination de Raboteau. Ce dernier est protestant, ainsi que trois autres médecins (Bernardin Amyrault, Paul Dusoul, Pierre de Toutlieu), qui pourtant ne viennent pas non plus au rendez-vous. Enfin, cet acte montre que les rivalités de personnes ne datent pas d’aujourd’hui !

Certificat de visite de malades

Trois médecins et un chirurgien se rendent au chevet de malades dans la prison de Tours, pour examiner deux personnages et décrire les maladies qu’ils leur ont trouvées. 

[…] en ceste ville et ressort de Tours sont comparus honorables hommes maistres Jacques Le Roy docteur en medecyne medecyn ordinaire de Monseigneur frere unicque du Roy, maistre Charles Fallaizeau sieur du Plessis aussi docteur en medecyne, maistre Jehan Boutault pareillement docteur en medecyne et medecyn ordinaire de mon dict seigneur et Me René Ciret chirurgien ordinaire de mondict seigneur, tous demeurans et residans en cestedicte ville de Tours. (Page 1/2, lignes 5 à 12). […] honorables personnes Estienne Feret et Gatien Papillault prisonniers esdictes prisons, lesquelz sont tous deux […]. (Page 1/2, lignes 16-17). […] detenuz de maladyes, scavoir est le dict Feret d’une fiebvre tierce double qui le travaille ordinairement et par chacun jour avec un abses qui de nouveau sest renouvellé au perinee qui luy apporte grandes doulleurs en urinant et presque une totalle suppression durine, et le dict papillault travaillé de fiebvre continue lente avecq une descente dintestin dans la bource qui ne se peult reduyre et doulleurs de collicques et nephreticques fort aigues […]. (Page 1/2, lignes 19 à 26).

Les médecins recommandent simplement de les changer de lieu pour qu’ils aient de l’air pur et pas de bruit. Serait-ce un certificat de complaisance, pour les sortir de la prison ? Car les détenus ne sont pas de vulgaires brigands. Le premier, Etienne Feret, est né en 1554 et a vingt-cinq ans. Fils d’un marchand, il sera lui-même marchand en 1586, secrétaire de la chambre du roi de Navarre en 1587, conseiller, notaire et secrétaire du roi, Maison et Couronne de France ensuite. Le second, Gatien Papillault, est maître fourbisseur et garnisseur d’épées et pourrait avoir une quarantaine d’années. Décrivant les maladies, ce certificat donne également les identités de trois médecins et d’un chirurgien, sur lesquels on pourra aussi s’informer, pour se tenir au plus près de la réalité. Par exemple, le chirurgien René Ciret est connu pour avoir envoyé à Ambroise Paré les cadavres secs de deux enfants siamois n’ayant qu’une seule tête[1].

Testament d’un médecin

Un testament commence toujours par une confession de foi, qui permet de savoir si le testateur est catholique ou protestant. Un catholique invoque la Vierge et demande des messes, ce que ne fait pas le calviniste. Parfois, le testateur évoque de quelle façon il a conçu son métier. C’est le cas du médecin protestant Adam Falaiseau, fils du médecin précédent, Charles Falaiseau. Un notaire enregistre en 1626 le testament olographe qu’il a écrit en 1617. 

[…] Et après je proteste devant luy [Dieu] que jay exercé la charge à laquelle il m’avoit apellé en candeur et syncerité, ayant toujours visé à la santé des malades qui m’ont esté commis et ne leur ayant rien ordonné que je n’aye creu leur estre utile, n’en ayant point abusé au reste pour commettre du mal et favoriser aucunes mauvaises intentions, mais reconnoissant à mon grand regret ma tres grande ignorance et que je my suis employé bien faiblement et lachement et que le chagrin que j’ay eu de diverses et longues incommodités de ma santé mont rendu quelques fois plus rude et moins secourable que je n’eusse esté, dont je luy demande tres humblement pardon et le supplie de ne me limputer point. (Page 1/3 ligne 31 à page 2/3 ligne 9).

Plus loin, on apprend le nom de son apothicaire, auquel il fait un legs – ce qui permet de retrouver la famille Senelle – puis l’on relève une allusion à sa bibliothèque prouvant qu’il a écrit des livres de médecine, dont on peut se demander s’il est possible de retrouver la trace :

A monsieur Senelle apothiquaire pour tant d’assistance que jay receue de luy et beaucoup de choses qu’il ma fournies en diverses maladies depuis longtemps la somme de deux cents escus […]. (Page 2/3, lignes 17 à 19). […]. A Monsieur de Toutlieu tous les livres de medecine qui se trouveront en mon estude et mesmes quelques escrits de medecine de feu mon Pere et de moy. (Page 3/3, lignes 7 à 9).

Inventaire après décès d’un chirurgien

L’inventaire après décès d’un personnage, quelle que soit sa profession, homme ou femme, donne toujours une liste assez complète des objets qu’il possédait. L’inventaire dressé après le décès du chirurgien Martin Robillard comporte 206 pages, dans lesquelles on trouve la description des livres et des instruments qu’il possédait. Cet inventaire est suivi du partage de ses biens entre trois personnes avec la description de chaque lot ; on y relève donc les instruments et les livres, dispersés dans les lots, ce qui permet d’affiner la lecture et la compréhension du lecteur. 

Sur le début des pages des livres, qui sont estimés par le libraire Bernard Delatour, on lit :

Une bible en français impression de Lion six cens quatre reliee en veau rouge 4 livres. Une histoire de Joseph reliee en veau noir 60 sols. Une vie des Saincts de Benoist 40 sols. Un codde henry de six cens ung 60 sols. Une œuvre de Paré de vellin, 50 sols. Lhistoire des neuf roys Charles 25 sols. Ung premier volume de Leon Laffricquain 20 sols. (Page 18 r°).

Au total, Martin Robillard possédait environ cent-quarante livres, mais seuls les titres de treize d’entre eux sont donnés. Les autres sont mentionnés par paquets (par exemple « un paquet de 7 volumes estimé 60 sols »). Il avait très peu de livres de médecine ou d’anatomie. Plus loin, on trouve la liste des instruments dont il se servait. Ils sont estimés par Jehan Caillon, maître chirurgien, et la lecture de ces quelques pages suffit à en montrer l’intérêt pour l’étude de la médecine de cette époque.

[…] Ung trepan 18 livres. Deux tenailles incisives appreciees ensemble 20 sols. Trois paires de pincettes differentes formes appreciees ensemble 15 sols. Ung instrument en forme de pincette 5 sols. Une sye avec deux lances pour amputer membres 4 livres. Quatre razouers apprecies ensemble 16 sols. Une seringue de cuivre 8 sols. Ung carreau de marbre jaspre avec sa molette 4 livres 10 sols. Ung autre carreau de marbre noir aussy avec sa molette 60 sols. Troys petites boulles de carsidoine jaspre appreciees ensemble 30 sols. Une livre trois onces d’esguine (?) 70 sols. Demye livre de sapafons (?) 15 sols. Cinq onces et demye de banjouys (?) […] calamine aromatique 27 sols 5 deniers. (Page 25 r°).

Inventaire après décès d’un apothicaire

Dans l’inventaire après décès d’un apothicaire apparaît la liste des médicaments qu’il utilisait, ce qui peut aussi renseigner sur les maladies alors les plus fréquentes. 

[…] Confection de hyacinthe une livre et demie 8 livres. Confection Alkermes trois onses deux gros 6 livres 10 sols. Theriaque une livre 3 livres. Confection hamech une livre 3 livres 4 sols. Catholicum fin cinq livres 12 livres 10 sols. Diaprunis laxatif deux livres et demie 5 livres. Benedicte six onses 18 sols. Diaphoenis quatre onses 12 sols. Catholicum simple vingt livres 20 livres. Diaprunis simple deux livres et demie 40 sols. Cariocostimum une onse 3 sols. Sirop Roset une livre trois quartes 3 livres 10 sols. Sirop de fleurs de pesché trois livres 6 livres.

Relations avec les autorités

Nombreux sont les fonds d’archives autres que les minutes notariales susceptibles de contenir des informations relatives à l’activité professionnelle d’un personnage. Ils peuvent être conservés dans des services d’archives publiques (nationaux, départementaux ou communaux) ou en mains privées (archives familiales). Parmi eux, notons l’importance des actes issus des juridictions, des administrations provinciales, des corporations et de certaines institutions telles que les hôpitaux et les collèges. Les documents sont entrés dans les services départementaux à partir de la période révolutionnaire jusqu’à, pour certains d’entre eux, il y a peu. La majeure partie a été classée entre les XIXe et XXe siècles et constitue, pour qui s’y plonge, une source quasi sans limites.

Il existait sous l’Ancien Régime un certain nombre d’administrations provinciales dont l’activité est connue par les papiers qu’elles ont produits. Ceux des intendances, bureaux des finances, assemblées diverses, subdélégations, élections ou encore chambres des comptes sont conservés dans la série C des Archives départementales et sont les reflets de l’environnement réglementaire, administratif, économique, parfois judiciaire ou de police qui s’est mis en place au niveau local dès le début de la période moderne. Les actes ou dossiers portent aussi bien sur les finances (dont les impôts), la guerre, l’agriculture, les manufactures et le commerce, les travaux publics, la mendicité, l’assistance publique, les eaux et forêts, les catastrophes naturelles et de multiples domaines tels que le contrôle et la règlementation de certains métiers, dont ceux ayant trait à l’exercice de la médecine, barberie et chirurgie. Près de cent-cinquante pièces concernant ce dernier domaine sont conservées aux Archives départementales d’Indre-et-Loire sous la cote C404 : elles couvrent la période 1783-1785 et permettent pour la toute fin de l’Ancien Régime de réunir un certain nombre de données relatives aux figures soignantes « officielles » actives en Touraine. Deux documents ont été choisis à titre d’exemple. Tout d’abord, une Déclaration du roi, concernant les études et exercices des Élèves en Chirurgie, donnée à Versailles le 18 juin 1784 et présentée sur un bi-feuillet imprimé à Paris. Des copies de cette Déclaration devaient être envoyées dans tous les bailliages[2] du ressort du parlement de Paris pour y être lues, publiées et enregistrées.

 

Cette déclaration composée d’un préambule et de 9 articles est destinée à

remédier à [des] abus, […] prolonger le temps des études que les élèves seroient tenus dorénavant de faire pour parvenir à la Maîtrise et […] ne confier leur instruction dans la pratique qu’aux seuls Maîtres qu’on peut raisonnablement présumer être en état de les y forme.

Les articles 1 à 8 portent sur la durée des cours et de la formation des élèves (chez des maîtres ou avec les chirurgiens majors ou en chef des hôpitaux), les certificats et attestations délivrés ou les statuts des collèges. Le dernier article fait référence aux statuts généraux de 1730 donnés pour toutes les communautés des maîtres en Chirurgie des villes de province et aux lettres patentes du 31 décembre 1750. Un tel document est intéressant à plusieurs titres : il permet d’illustrer la formation des futurs chirurgiens, de connaître la réglementation (à la date de la rédaction de la déclaration), de se reporter si nécessaire à la réglementation plus ancienne (généralement citée dans ce type de documents) et enfin de rechercher d’autres sources, lorsqu’une ou plusieurs institutions sont citées, parce qu’elles sont, directement ou indirectement, concernées par l’acte royal. Leurs fonds peuvent devenir complémentaires. Ici, ce seront par exemple les actes des collèges – en série D, dont le fonds du collège de chirurgie de Tours –, des bailliages de l’ancienne province de Touraine – en série B –, des hôpitaux – en série H-dépôt.

Dans cette même liasse C404 sont également conservés différents états nominatifs, dont l’un, datant de novembre 1784, recense les « médecins et chirurgiens de la ville, bourgs et paroisses du ressort du bailliage de Loudun ». 

 

Établi par le subdélégué de Loudun à la demande de l’intendant de Tours, dans le cadre de la formation du plan d’un établissement capable de prévenir les ravages des maladies épidémiques, il se compose, sur trois pages, d’un tableau en trois colonnes destiné à inscrire nom et qualité des individus, lieu de résidence et observations. Ces dernières portent sur les durées d’exercice des médecins ou chirurgiens mais contiennent également des jugements de valeur très tranchés, dans un sens ou un autre. Ainsi peut-on aussi bien lire pour les uns « ne jouit pas de la réputation d’être habile dans son état », « réputation point encore donnée », « n’a pas – ou aucunement – la confiance du public », « travaille très peu », « peu habile », « exclu de la communauté, ne fait rien », « avancé en âge, travaille très peu », « infirme, ne travaille point ou plus » et lire pour les autres : « très habile dans son état », « travaille beaucoup » ou « avec succès », « mérite la confiance du public », etc. Les institutions jouant un rôle, à un niveau ou à un autre, dans l’organisation, le contrôle, la surveillance ou l’application de la réglementation liée aux métiers ont produit une grande variété de documents qui, aujourd’hui, peuvent être conservés dans plusieurs types de fonds. Ainsi, l’on trouve dans la série E des Archives départementales ceux provenant des corporations d’art et métiers. Sous la cote E417 ont été réunis au XIXe siècle les titres des chirurgiens de Tours, couvrant les XVIIe et XVIIIe siècles : statuts, privilèges et ordonnances de la corporation, comptes et pièces de recettes et dépenses, rôles de capitation imposée sur la communauté, pièces de procédures, etc. En matière de réglementation, plus ancienne que celle conservée dans la série C et donc complémentaire, l’on y trouve les Statuts, privilèges et ordonnances accordez par le roy, à son premier chirurgien et à ses lieutenants ou commis, établis dans toutes les villes et bourgs du royaume, datant du 28 mars 1611 et que complète L’Arrêt du Conseil d’Estat du 28 juillet 1671 servant de règlement pour leurs droits et fonctions.

 

Le plus ancien, qui se décline en 22 articles, porte sur l’état des barbiers-chirurgiens en abordant tous les aspects liés à l’exercice de la profession, les statuts des corporations et confréries, les modalités d’apprentissage et d’admission aux examens et chefs-d’œuvre, la typologie des maladies (apostumes[3], plaies, ulcères, fractures et dislocations), remèdes et médicaments (onguents[4], emplâtres[5], cerats[6], pultes[7], poudres, liniments[8], huiles, cerouanes[9], pirotiques[10]) et opérations (dont bandages, saignées, application de cautères[11], trépans[12]) liés à leur exercice. L’arrêt du 28 juillet 1671 détaille en 22 articles les droits et devoirs des maîtres chirurgiens, le fonctionnement des communautés et assemblées, la réception des aspirants à la maîtrise en chirurgie, le montant des droits et rétributions lié à leur formation. L’on y apprend ainsi ce que chaque aspirant doit payer à ceux qui le forment (premier chirurgien, son lieutenant et son greffier), tout au long de son cursus. De fait, c’est le déroulement de ce cursus même qui transparaît, par la mention très détaillée des droits et rétributions dus à chaque étape.

Pour réponse à sa première requête présentée pour son matricule […]. Pour son matricule […]. Pour l’acte appelé tentative […]. Pour les billets de convocation à l’acte nommé premier examen […]. Pour l’acte de premier examen […]. Pour réponse à la requête d’entrée de semaine […]. Pour l’assistance du greffier à la communication de la requête […]. Pour l’acte d’ostéologie[13] […]. Pour l’acte d’anatomie […]. Pour l’acte des saignées et celuy des médicaments […]. Pour réponse à la requête d’admission au dernier examen appelé examen de rigueur […]. Pour les billets de convocation dudit acte […]. Pour l’acte d’examen général ou de rigueur […]. Pour la réception de l’aspirant […].

Enfin, sous la cote E1127, un autre type d’état nominatif, datant du XVIIIe siècle et établi dans l’arrondissement de Gizeux (élection de Saumur), est intéressant parce qu’il donne, encore une fois, par nom de villes, bourgs et villages, celui des redevables, leur profession et le montant des sommes payées, mais surtout parce que dans l’en-tête imprimé du document on voit apparaître le nom des professions définies dans le corpus de la Chirurgie et Barberie du royaume : « maîtres chirurgiens, barbiers[14], perruquiers[15], baigneurs[16], étuvistes[17], bailleurs[18], renoueurs[19], oculistes, lithotomistes[20], dentistes, veuves, sages-femmes […] ». 

De tels documents permettent ainsi, pour qui veut étudier une corporation, une meilleure compréhension des typologies de métiers – sans en excepter par méconnaissance de la terminologie de l’époque – et parfois de se tourner vers des sources complémentaires : ainsi trouvera-t-on sous les cotes E448 à E456 quelques registres et plusieurs centaines de pièces provenant de la corporation des « maîtres barbiers-perruquiers-baigneurs-étuvistes de Tours » pour le XVIIIe siècle.

Autres institutions à connaître enfin, et dont les sources s’avèrent indispensables : les juridictions, royales ou seigneuriales, qui par leur rôle en matière d’enregistrement, de diffusion et de contrôle du respect de la réglementation royale, de justice civile (dont les affaires familiales – tutelles, successions), criminelle (délits de toutes sortes) comme de police et administration, interviennent dans de multiples domaines de la vie quotidienne. Ainsi verra-t-on, aux côtés des actes liés à la voirie, aux offices, foires, marchés, commerces, fêtes et cérémonies, ceux concernant les métiers : réceptions aux métiers (jurés ou non), réception de chef-d’œuvre, contrôle des comptes des communautés, nomination des syndics, etc. À titre d’exemple, l’on verra dans les archives de la lieutenance de police de Tours (sous-série 2 B), sous la cote 2B431, un inventaire des titres et papiers de la communauté des maîtres chirurgiens de Tours, commencé le 19 janvier 1711[21]. Composé de plusieurs dizaines de pages, il décrit l’ensemble des documents écrits conservés dans le coffre de la chambre de la communauté et permet ainsi, à cette date, grâce à la typologie des registres, dossiers et pièces décrites, de comprendre le fonctionnement de l’activité de la corporation : registres de délibérations, lettres de provisions, registres et pièces de comptabilité ou pièces de procédure couvrant le XVIIe et le tout début du XVIIIe siècle. Ces pièces sont en partie conservées aujourd’hui sous la cote E417 décrite plus haut : toutes n’ont pas été conservées et d’autres s’y sont ajoutées tout au long du XVIIIe siècle. Dans ces mêmes fonds judiciaires, l’on pourra parfois retrouver les figures soignantes que l’on étudie dans d’autres documents : les dossiers relatifs aux règlements des affaires civiles – parce que la succession de tel personnage a été réglée par le juge, parce qu’il a fait l’objet d’une saisie, parce qu’il a eu un litige quelconque avec un confrère, un artisan – ou criminelles – soit en tant qu’auteur ou victime d’un crime, soit en tant qu’expert. Effectivement, un médecin ou un chirurgien peuvent être nommés par un juge pour constater des blessures, identifier la cause d’un décès, parfois en ouvrant un cadavre. Ces documents sont donc présents dans les fonds judiciaires et peuvent s’ajouter au corpus de ceux que l’on peut trouver par ailleurs, attestant de l’exercice de la profession.

Ainsi, dans les archives du bailliage de Loches, l’expertise conduite le 19 décembre 1699 par un docteur de la faculté de médecine de Montpellier, médecin du roi demeurant à Loches et assisté d’un maître chirurgien de la ville de Beaulieu, révèle l’état de démence d’un prisonnier du donjon de Loches, accusé de plusieurs méfaits. Le certificat que les deux experts délivrent au juge mentionne qu’ils se sont rendus au

donjon du chasteau pour voir et visiter Messire Jean de Vone, escuier, chevalier seigneur de La Trévandière, détenu prisonnier par ordre de sa Majesté dans ledit chasteau, lequel par ses réponses extravagantes, discours frivoles et interompus sans aparance de raison nous a paru estre dans un délire accompagné de fureur et d’audace sans aucune fiebvre, lequel délire nous estimons estre une manie ou autrement dit folie dont les causes doivent estre raportés à une intempérie naturelle chaude et seiche de toutes les partyes nourricières, laquelle procède d’une abondance d’humeur atrabilaire fort eschauffée et enflamée, qui est assez familiaire dans le tempérament dudit sieur de Vone, lequel de tout temps a esté beaucoup bilieux, prompt et emporté, d’ailleurs l’âge de vingt-neuf à trente ans et les grandes débauches de vin et de femmes qu’il a faites à l’armée et autres lieux ont dû tous contribué à le précipiter dans l’estat présent du délire cy dessus, duquel nous estimons qu’il ne peut revenir qu’avec toute la difficulté possible vu la disposition naturelle de son tempérament qui a toutes les marques apparentes de folie […].

Enfin, de façon plus anecdotique, ce sont parfois des documents a priori fort éloignés de la recherche en cours qui peuvent donner des indications, tel ce registre de comptes de la ville de Loches conservé dans les fonds communaux sous la cote E-dépôt132/CC3 qui mentionne des paiements faits à des figures soignantes.

 

A honnorable homme et saige messire Pierre Delacroix, docteur en medecine, a esté paié la somme de soixante dix solz tournois pour avoir esté present à faire une lotomye et ouverture d’un jeune enfant qui mourut et alla de vie à trespas en ceste ville de Loches en la maison où pend pour enseigne le beuf couronné, et ainsi qu’il fut ordonné et desliberé par ordonnance de ville faicte le seiziesme jour d’avril mil cinq cens et cinq, ainsi qu’il appert par mandement desdicts esleuz et quictance dudict Delacroix. Pour cecy LXX solz

Au f° 31 r°, il est indiqué qu’un autre chirurgien barbier de Loches, Georges Thomas, était également présent lors de cette ouverture et lotomie[22] ; sur le f° 30 v°, sont mentionnés trois barbiers, Georges Rabier, Jehan Fournier et Colinet Carré, payés pour avoir assisté à l’autopsie.

Vie privée

Lorsqu’on a situé un personnage dans son époque et compris comment il exerçait son métier, on peut se préoccuper de ce qui faisait le reste de son existence, de façon à déterminer son niveau de vie. Pour cela, on pourra s’intéresser à ses enfants en reprenant les actes envisagés ci-dessus, avec les mêmes méthodes. Quels métiers ont-ils eus ? Avec qui se sont-ils mariés ? Quelles étaient les dots de ses filles ? On pourra aussi rechercher des actes moins systématiques, dont voici deux exemples.

Embauche d’un domestique

L’apothicaire Victor Rapin embauche un « ouvrier agricole » pour cultiver ses terres de la métairie de Boisjolly à Ballan.

[…] fut present en sa personne estably et soubzmis Pierre Girault homme de bras demeurant paroisse de Ballan lequel volontairement a recognu et confessé avoyr promis et promet à honneste personne sr Victor Rapin maistre apothicaire au dit Tours demeurant en la paroisse de St Saturnin à ce stipullant et acceptant daller et le dit Girault demeurer en sa maison et mestairie de Boisjolly au dit sr Rapin appartenant sytuez en la dite paroisse de Ballan comme serviteur domesticque pour par luy Girault labourer cultiver fumer et ensepmancer les ters labourable de la dite mestairie et en faire tout ce […]. (Page 1/1, lignes 3 à 11).

Bail à louage

L’apothicaire Jacques Pean loue à un orfèvre une partie de la maison qu’il possède rue de la Sellerie et dans laquelle il habite ; le bail, d’une durée de trois ans et débutant à la Saint-Michel (29 septembre) est conclu contre un loyer de 20 livres par an.

 

[…] deuement soubzmys etc honneste personne Jacques Pean maîstre appothicaire au dict Tours y demeurant paroisse de St Saturnin lequel a baillé et delaissé et par ces presentes baille et delaisse à tiltre de louage à honneste personne Jehan Boilleau maîstre orfebvre demeurant au dict Tours à ce present et acceptant une chambre haulte au troysiesme estaiges au mitan de laquelle y a une clouaison une garderobbe à costé faisant partye du logis où demeure le dict Pean que le dict Boilleau a dict bien savoir et […]. (Page 1/1, lignes 4 à 13).

[…] sen est contanté. Le present bail faict pour le tamps et espace de troys annees entieres consecutifves et suyvant lune lautre à commancer au jour St Michel prochain venant et finssant à pareil jour le dict tamps (Page 1/1, lignes 14 à 18).

[…] payer de louage chacun [an] par le dict preneur au dict Pean la somme de vingt livres tournois payables par les quatre quartiers […]. (Page 1/1, lignes 20 à 22).

Ce bail apporte nombre de renseignements sur le bailleur, l’apothicaire Jacques Pean : le lieu de son domicile, dont il est propriétaire ; son niveau de vie, par la description partielle de sa maison ; son revenu par le montant du loyer et les conditions du bail.

Impôts

Il existait sous l’Ancien Régime de nombreux impôts touchant une grande partie de la population : taille, capitation, vingtième, octroi, tarif, don gratuit. Au niveau local, les sources principales sont les rôles d’impositions. On les trouvera d’une part dans la série C des Archives départementales, parmi les papiers des intendances ou des élections : ces dernières sont des circonscriptions administratives et financières, dont l’activité essentielle a trait à l’impôt en général et à la taille en particulier, pour la répartir entre les communautés, vérifier les rôles et juger, au civil et au criminel, les affaires concernant les faits de taille, de privilèges fiscaux, d’octrois, d’aides. La série CC des archives communales contient également des rôles d’imposition. L’étude de tels documents permet de mettre en avant plusieurs indicateurs : géographique (présence ou non de soignants dans les villes et villages) ; répartition spatiale dans les grandes villes (regroupement – ou non – dans certaines rues ou quartiers spécifiques) ; nominatif (noms des figures soignantes par paroisses, à différentes dates) ; qualitatif et socioprofessionnel (indication des professions et suivi de leur évolution) ; économique et social (montant des impositions – révélateur de la catégorie sociale ou du montant de la fortune – présence de domestiques ou chevaux, marqueurs d’une aisance sociale), etc.

Conclusion

Retracer la vie d’un personnage prend parfois de multiples chemins qui se diversifient ou se raréfient selon les cas, les lieux, les sources disponibles ou le choix du chercheur. Que celui-ci soit chevronné ou non, le même accès est disponible pour chacun tant que méthode, précision et curiosité sont au rendez-vous. La fréquentation des sources archivistiques et leur analyse offrent à tous l’opportunité de se confronter à des actes authentiques, qui varient par leur forme ou leur contenu, conduisant obligatoirement – et fort heureusement – celui qui s’y plonge à se questionner, s’interroger, remettre en cause, parfois, les écrits des prédécesseurs ou toutes sortes de croyances ou mythes. En un mot, il s’agit là d’exercer son sens critique, en oubliant ce que l’on connaît ou ce que l’on croit savoir, au regard de nos apprentissages ou de notre vie quotidienne. Les sources d’archives sont extrêmement variées. En fait, il paraît presque impossible d’en dresser une liste exhaustive, car chaque destinée personnelle ou professionnelle laisse des traces, dans une infinité d’actes, hier comme aujourd’hui. À titre d’exemple supplémentaire à ceux précédemment illustrés, certains de nos personnages peuvent être cités dans les papiers des intendants de la généralité de Tours, parce qu’ils ont joué un rôle lors d’épidémies ou parce qu’ils ont demandé des réductions en impositions ; d’autres dans les archives du clergé séculier ou régulier, parce qu’ils ont légué à leur décès des sommes d’argent, des biens mobiliers ou immobiliers à leur paroisse, ou parce qu’ils exerçaient leur profession auprès d’une communauté religieuse ou d’un hôtel-Dieu, dont les documents, remontant généralement au Moyen Âge, sont également conservés dans des institutions publiques. Les papiers personnels d’autres individus peuvent avoir été conservés par des descendants puis donnés ou déposés dans des services d’archives publiques, moins souvent dans des bibliothèques. L’essentiel de notre intervention a été consacrée aux sources d’archives. Cependant, il convient de garder à l’esprit que d’autres matériaux peuvent être utiles aux recherches biographiques, pallier les manques, illustrer les parcours ou encore orienter vers d’autres pistes. Ainsi, les représentations iconographiques de personnages, de lieux, d’objets, d’instruments – tableaux, estampes, gravures – doivent être recherchées. Conservées dans des services d’archives, des musées, des bibliothèques, des demeures privées, reproduites dans des ouvrages, toutes pourront permettre, à partir du moment où leur date de réalisation concorde avec celles de vie et mort du personnage que l’on étudie, de reconstituer le contexte figuratif qui manque dans les sources manuscrites et empêcheront, parfois, que l’imagination ne se perde ou s’égare. Connaître les lieux peut également se révéler utile, s’ils n’ont pas été transformés ou détruits par le temps. Ainsi, si la demeure d’un personnage existe encore, il peut être très intéressant de confronter les renseignements de sources écrites (contrat de vente, bail, inventaire après décès) avec les éléments d’origine encore subsistants. De même, rechercher le mobilier ou les objets qui peuvent être décrits dans ces actes permet également de fixer les représentations. Sans doute d’autres sources, d’autres réflexions, d’autres idées ont-elles ici été omises… mais laissons maintenant le choix, le temps et l’envie à chacun de poursuivre.

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Notes

[1] Les œuvres de M. Ambroise Paré, … avec les figures et portraicts tant de l’anatomie que des instruments de chirurgie et de plusieurs monstres, Paris, chez Gabriel Buon, 1575, p. 805.

[2] Justices royales.

[3] Apostume : enflure, tumeur, abcès.

[4] Onguent : pommade, baume, remède, drogue.

[5] Emplâtre : remède.

[6] Cerat : pommade à base d’huile et de cire.

[7] Pulte : bouillie.

[8] Liniment : baume, onguent, pommade.

[9] Cérouane : synonyme de cérat.

[10] Pirotique : se dit d’un produit qui brûle, corrosif.

[11] Cautère : fer chaud appliqué pour cautériser.

[12] Trépan : foreuse, perforateur, sonde.

[13] Ostéologie : partie de l’anatomie qui enseigne la nature des os du corps.

[14] Barbier : celui qui fait la barbe.

[15] Perruquier : celui qui s’occupe des cheveux.

[16] Baigneur : celui qui tient des bains publics.

[17] Étuviste : celui qui tient des bains et étuves.

[18] Bailleur, pour bailleul : renoueur ou rebouteur.

[19] Renoueur, ou rebouteur : celui qui remet en place des membres fracturés ou disloqués.

[20] Lithotomiste : celui qui ôte les pierres de la vessie.

[21] ADIL, 2B431, archives de la lieutenance générale de police de Tours, 19 janvier 1711.

[22] Lotomie : incision chirurgicale, ouverture.

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